Lettres du commandant Coudreux à son frère (1804-1815)

Brunswick, 13 octobre 1810

Mon cher ami,
Depuis ma dernière lettre en date d'Halberstadt le 13 du mois passé, j'ai toujours été par voies et par chemins. Le général de division comte Compans, sous les ordres de qui nous sommes depuis trois semaines, nous a fait faire des courses terribles.
Après un voyage de près de trois semaines, dans les différents départements de l'Elbe, de la Saale et de l'Oder, je viens enfin d'arriver à Brunswick ; voitures, chevaux, domestiques et maîtres, nous sommes tous dans un état affreux.
Pour comble de guignon, nous recevons à l'instant l'ordre de repartir d'ici le 15 courant pour aller occuper Werden, Brême, et Oldenbourg où nous devons remplacer la 1ère division.
Ainsi que tu le verras par l'inspection de la carte, nous quittons le royaume de Westphalie où, malheureusement, on nous doit cinq mois d'appointements. Nous partons donc sans le sol ou à peu près ; mon dernier voyage m'a complètement ruiné.
Ma dernière lettre te prévenait que j'avais fourni sur Gavoty un mandat de 136 francs, payable le 20 de ce mois ; prie-le également, mon ami, de faire bon accueil à un autre de 300 francs, payable le 25 novembre, que je remets à la famille de feu mon camarade, le lieutenant de Croix, qui vient de mourir, pour solde de ce qui lui revient de la vente des effets du défunt.
je vous embrasse tous de grand coeur et je vous souhaite une excellente santé.
Tout à toi.

P.S. Nous approchins de la Suède ! Je t'écrirai d'Oldenbourg aussitôt mon arrivée.
Le prince royal de Suède est parti d'ici le 10 à 11 heures du matin. J'étais arrivé la veille et j'ai eu l'honneur d'être de service auprès de lui pendant la nuit du 9 au 10.

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