Davout à Son Altesse Impériale, le grand duc de Berg, etc. (2)
Jablonna, 11 décembre 1806, trois heures et demie du matin

Monseigneur, je reçois à l'instant la lettre de Votre Altesse Impériale, du 10, à huit heures du soir ; vos intentions sont remplies. J'ai 5 régiments à Nieporent et à une lieue et demie aux environs ; 3 autres régiments y seraient rendus dans deux ou trois heures de temps. Je suis parfaitement rassuré sur tout projet que l'ennemi pourrait avoir de passer le Bug. S'ils passait sur le territoire autrichien, les préparatifs qu'il devait faire pour cela doivent nous faire supposer que nous le saurions à temps.
J'ai donné l'ordre, Monseigneur, au 1er régiment de chasseurs à cheval, de passer à Utrata, et s'il ne peut effectuer là son passage, de venir passer la Vistule à Varsovie.
J'ai envoyé également au colonel du 12è, qui arrive de Czenstochowa, l'ordre de passer le plus tôt possible la Vistule à Varsovie ; il me tarde beaucoup d'avoir ma cavalerie légère. En attendant, j'ose vous supplier, Monseigneur, pour le bien du service, de mettre exclusivement le général Milhaud sous mes ordres jusqu'à l'époque de l'arrivée de la cavalerie légère du 3è corps, et que ceux que Votre Altesse voudra faire exécuter à sa cavalerie lui soient transmis par moi avec les instructions que les circonstances necessiteront ; croyez que je ne négligerai rien pour leur exécution. Je me bornerai à citer à Votre Altesse un seul exemple pour lui prouver combien il y a d'inconvénients à ce que cela soit autrement. Vous lui ordonnerez de diriger demain des reconnaissances sur Plonks, Nowemiaka, Nazielsk, pour forcer l'ennemi à évacuer Dembé qu'il paraissait occuper encore en force à cinq heures du soir ; je voulais, en même temps que le général Morand chercherait à jeter du monde sur ce point, faire faire par celui où est le général Gauthier une forte reconnaissance sur les derrières de l'ennemi ; je ne le pourrai pas si le général Milhaud dissémine sa cavalerie sur d'autres points.
Le général Gauthier est très-bien établi en avant de Okunin, où il a passé le Bug, couvert par de forts abatis. On travaille toute la nuit, et demain au soir il faudrait 20.000 hommmes pour attaquer le général Gauthier, et avant ce temps, rien ne me fait supposer que l'ennemi puisse faire une attaque sérieuse.

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