Davout au Major général de la grande armée, prince de Neufchatel, etc.
Naumbourg, 12 octobre 1806
Monseigneur, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse que ma cavalerie légère est entrée à Naumbourg à trois heures et demie ; l'avant-garde y est arrivée à huit heures du soir. La journée ayant été extrêmement forte et ayant occasionné beaucoup de traîneurs, j'ai fait arrêter la 1ère division à une lieue ou deux de Naumbourg, la 2è un peu plus loin et la 3è division trois lieues.
La division de dragons du général Sahuc a été placée à hauteur de la 2è division ; demain à deux heures du matin toute l'armée sera réunie ici.
Le général Vialannes s'est emparé de plusieurs voitures de pain et de bagages, mais une prise plus importante est celle de douze pontons en cuivre parfaitement attelés ; cette dernière prise a été faite entre Naumbourg et Freybourg ; je les fais conserver, ainsi que les attelages, pour les tenir à votre disposition, ayant promis au 1er régiment de chasseurs de faire payer les chevaux conformément aux règlements.
On annonce ici de grands magasins de fourrage et de grains ; j'en ferai faire l'inventaire, que j'aurai l'honneur d'adresser à Votre Altesse.
Des reconnaissances ont été envoyées du côté d'Iéna, mais elles ne sont point encore rentrées. On entend quelques coups de canon de ce côté ; je n'ai point encore de nouvelles du prince de Ponte-Corvo.
Tous les rapports des déserteurs, des prisonniers et des gens du pays se réunissent à annoncer que l'armée prussienne se trouve à Erfurt, Weima et environs. Il est certain que le Roi est arrivé hier à Weimar ; on assure qu'il n'y a point de troupes entre Leipzig et Naumbourg.
J'ai fait saisir à la poste tous les paquets ; je les adresse à Votre Altesse ; peut-être y trouvera-t-elle quelque chose d'intéressant. On annonce toujours beaucoup de jactances chez les officiers prussiens.
Une lettre sans signature, adressée au prince de Saxe-Cobourg, compare la défaite de Saalfeld
à celle des Autrichiens devant Ulm, pour le découragement qu'elle a répandu dans l'armée. Il a passé hier et aujourd'hui par cette ville environ 200 déserteurs.
J'envoie un parti porter cette dépêche à Votre Altesse ; demain matin, dès que j'aurai obtenu de nouveaux renseignements, j'aurai l'honneur de les adresser à Votre Altesse.
P.S. Il me paraît constant que les troupes prussiennes se réunissent du côté de Weimar. Cette campagne promet d'être encore plus miraculeuse que celles d'Ulm et de Maengo.
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