Note au Ministre de la Guerre sur l'un des événements de la bataille d'Austerlitz.
Neubourg, 13 mars 1806

Pour remplir les intentions de Votre Excellence, qui désire que je lui envoie une relation exacte de ce qui s'est passé, lorsque le colonel Francheschi s'est emparé d'une partie des Russes faits prisonniers, à l'extrémité de notre droite, j'ai réuni chez moi le général Friant, le colonel du 48è et quelques officiers de ce régiment, afin de vous faire connaître l'exacte vérité.
Je vous garantis le narré ci-dessous :
Vers les deux heures et demie, après des ttaques successives sur Sokolnitz par la division Friant, et en particulier par le 48è, les Russes occupaient le parc ainsi que le château ; le 48è était maître de la presque totalité du village de Sokolnltz, le feu et l'attaque contre les Russes continuaient à être vifs ; le reste de la division Friant soutenait un combat opiniâtre contre plusieurs bataillons russes, qui étaie t sur la hauteur en avant de Sokolnitz. Alors le 36è, venant de Pratzen, fit sa jonction avec le 48è par l'extrémité du village de Sokolnitz, et de concert avec ce régiment et les tirailleurs de la division Friant, ils poursuivirent les ennemis la baïonnette dans les reins, les chassèrent du parc et du château, et les acculèrent sur les lacs qui se trouvent entre Sokolnitz et Kobelnitz.
Quelques instants auparavant, les Russes qui étaient dans la plaine et qui combattaient les 15è d'infanterie légère, 33è, 108è et 111è de ligne, furent, après une très-grande résistance et perte, culbutés contre les murs du parc.
C'est dans cette circonstance que le 48è et le 36è se sont précipités dans le château et le parc, et en ont chassé les ennemis.
Par la position des troupes du général Saint-Hilaire, celles aux ordres du maréchal Duroc et celles du général Legrand, les têtes de colonnes de cette dernière division descendaient les hauteurs de Turas.
Toute retraite se trouvant coupée à cette colonne ennemie, qui était cernée de toutes parts, elle mit bas les armes sur tous les points.
Il est notoire que ces Russes étaient prisonniers de guerre, lorsque quelques hussards du 8è parurent, plus occupés de prendre des chevaux que du reste.
C'es ainsi qu'une partie de cette colonne mit bas les ames devant le 10èrégiment d'infanterie légère et les troupes du maréchal Duroc, une autre partie devant le 48è et le 36è.
Ces prisnniers furent dirigés sur Brünn, sous l'escorte de quelques hommes d'infanterie et de cavalerie.
La dvision Friant se porta sur Ménitz pour suivre et protéger le mouvement général qui s'opérait sur les lacs, où les ennemis éprouvèrent une si grande perte.
D'après ce rapport, qui est de la plus grande vérité, Votre Excellence sera à même de voir que le 8è régiment de hussards n'a eu aucune part à cette action, et qu'il n'a pu tout au plus que s'emparer d'une colonne déjà désarmée et faite prisonnière, qui était hors de toute défense et dont il n'a pu recevoir aucun coup de fusil.
Les personnes qui connaissent le terrain et qui savent combien il est escarpé et à pic seront convaincues qu'il était peu favorable aux charges de la cavalerie.

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