Davout à Son Altesse Impériale le prince Jérôme, commandant le corps des alliés.
Urzesna, le 16 novembre 1806

Monseigneur, je rencontre à l'instant mon aide de camp Perrin, qui arrive de Wroklaweck, où je l'avais envoyé avec un parti de 100 chevaux. L'ennemi avait repassé la Vistule. On s'est servi d'un bateau qu'il avait laissé sur la rive gauche pour faire passer quelques chasseurs. Les 60 dragons prussiens qui étaient là se sont sauvés ; nous avons déjà sur la rive gauche 7 ou 8 bateaux chargés d'eau-de-vie, de bière et d'avoine. Je vais faire soutenir ce premier parti de 2 à 300 chevaux de troupes légères, pour intercepter la navigation du fleuve et rassembler sur sa rive gauche le plus de bateaux possibles.
J'adresse à Votre Altesse le rapport de mon aide de camp Perrin sur un individu qui était à Graudenz le 11, et qui était parti le 14 au soir de Thorn.
Les rapports sur les Russes depuis deux jours s'accordaient tous à faire arriver à Varsovie 5 à 600 cosaques le 14. Mais maintenant ces rapports deviennent obscurs. Je rencontre ici M. *** qui a été dans les environs de Bialistock ; il résulte de son rapport, que je vous envoie, qu'il est impossible que l'infanterie russe puisse être à Varsovie avant le 18 ou le 20. Comme ceux qui ont fait les précédents rapports sont partis quatre heures après lui, il est possible qu'un parti de Cosaques faisant vingt à trente lieues par jour soit arrivé à Varsovie ; mais je ne crois même pas à cette nouvelle. Je crois plutôt à son rapport. La facilité avec laquelle quelques chasseurs ont passé la Vistule à Wroklaveck donne quelque consistance à cette nouvelle, car bien certainement si les Russes étaient en marche, il y aurait eu de la résistance.
Un petit parti de troupes légères a été à Lenczica ; on y a mis de bons Polonais, et j'ai ordonné qu'on chasse les Prussiens. Un autre parti de 50 chevaux, commandé par le capitaine Tavernier du 1er de chasseurs, officier intelligent et entreprenant, est sur la route de Varsovie ; sûrement il me donnera des nouvelles positives.
Je vous envoie le courrier de Varsovie que mon aide de camp a intercepté à Brezck. Peut-être qu'on y trouvera quelques renseignements. Les lettres sont du 12 et du 14. Aucune ne donne des nouvelles positives des Russes. Dans quelques-unes on mande que l'on dit que l'avant-garde est arrivée à Praga et que les Russes s'y conduisent mal
Je n'ai point de nouvelles du maréxhal Lannes ; mais j'ai plusieurs officiers que j'ai envoyés de son côté, qui me rejoindront demain à Sompolno et qui pourront m'en donner.

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