Le Maréchal Davout à l'Empereur et Roi
Sompolno, 18 novembre 1806

Sire, j'ai l'honneur d'envoyer à Votre Majesté le dernier rapport sur les Russes ; il est d'un Polonais de confiance envoyé par le général Dombrowski, de Posen. Il est constant que des troupes russes sont arrivées à Praga ; que le 15 quelques centaines de Cosaques sont entrés dans Varsovie et quelques-uns, le 18, ont été aperçus à quelques milles de Varsovie, demandant où étaient les Français et commettant des désordres. A Varsovie, le 15, on croyait que les Russes devaient rétrograder ; ainsi il n'y a encore rien de certain sur le parti qu'ils ont pris, depuis qu'ils ont eu connaissance des désastres des Prussiens.
Le 16, un de mes partis a enlevé 20 uhlans prussiens à Kutno.
Le 18, 80 chasseurs du 1er sont en reconnaissance sur Lowicz.
La petite forteresse de Lenczica, évacuée par les Prussiens, a été occupée par les Polonais, qui l'ont défendue ensuite contre de la cavalerie prussienne ; le 16, 50 chasseurs du 1er y sont entrés, à la grande satisfaction du pays. Il y a beaucoup de magasins. Cete petite forteresse est, pas sa position, assez forte. J'y ai envoyé l'aide de camp Perrin, avec 200 hommes d'infanterie.
Le 18, le général Milhaud, avec le 13è, arrive à Klodawa, le général Beaumond à Chodecz et Kowal, et le camp du général Nansouty s'établira entre Sompolno et Konin. La division Morand sera le même jour en avant de Sompolno, la division Gudin à Slezin et la divison Friant à Kleczewo.
A Wroklaweck sur la Vistule, on a déjà réuni 20 bateaux chargés de marchandises de toute espèce, qui venaient de Varsovie et de Danzig. On intercepte la navigation de la Vistule.
J'ai l'honneur d'adresser à Votre Majesté un résumé des dépêches interceptées.
Celles de Plock ne semblent point annoncer l'arrivée prochaine des Russes ; les esprits ne seraient pas si disposés à la révoltes, s'ils étaient proches. Ayant eu connaissance des pièces trouvées à Kalisz, sur la marche de 3 colonnes russes, j'ai envoyé sur les points où ils devaient passer la Vistule, en vertu de l'arrangement du 24 octobre.
Ma cavalerie légère a trouvé, le 16, à Inowraclaw, de la cavalerie légère du maréchal Lannes, marchant sur Thorn. J'ai deux officiers sur ce point pour être tenu au courant.
Tous les ordres renfermés dans la lettre de Votre Majesté, du 14, seront exécutés. J'invite le général Dombrowski à envoyer à Custrin des moyens pour y prendre des armes sur les 3.000 annoncées ; il n'en a reçu que 1.300, les autres ayant été gardées pour être réparées.
Le général Dombrowski est plein de bonne volonté, mais il a peu de tête et de mémoire, il ne suit rien. Il ne s'en faut de beaucoup qu'il jouisse dans ces pays de la considération de Kociusko, dont le nom est dans toutes les conversations. Il paraît que les députés de Varsovie que j'avais autorisés à aller trouver Votre Majesté à Custrin n'y ont point été, par crainte du général Dombrowski ; il y a dans tout cela de petites passions et d'anciens souvenirs de partis. Je joins ici une note sur ces députés.
J'ai rempli les intentions de Votre Majesté. Je n'ai rien écrit, mais j'ai cherché à montrer les Polonais. Suivant les rapports de tous les partis, l'esprit des bourgeois, des petits nobles et du peuple est très-monté. La grande noblesse fait des voeux, mais elle est timide, cependant il y a quelques exceptions.

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