Davout au Major général de la grande armée, prince de Neufchatel, etc.
Leipzig, 18 octobre 1806

Monseigneur, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse que tous les renseignements du pays, qui sont unanimes, ne placent aucun corps de Prussiens entre Leipzig et Dresde, ainsi que sur les routes de Dessau, de Wittenberg et de Torgau. Depuis quelques jours plusieurs officiers saxons sont venus à Leipzig recommander que l'on dirige sur Mühlberg-sur-l'Elbe tous les Saxons égarés ou autres qui arriveraient à Leipzig.
La consternaion est entre la Mulda et l'Elbe. Les partis sont en route depuis quatre heures sur tous les points, afin d'intercepter les dépêches et les courriers, et d'avoir des nouvelles de l'ennemi ; ces partis iront une partie de la nuit et reviendront au jour. J'aurai l'honneur d'adresser à Votre Altesse les nouvelles importantes qui me parviendront.
Le corps battu par le maréchal Bernadotte a dû se replier sur Magdebourg.
Demain, si je ne reçois pas d'ordre, vers les huit heures du matin, l'armée se mettra en marche. La 1ère division se portera près de Breitenfeld, et le reste entre Breitenfeld et Leipzig ; sans ce mouvement, je ne pourrais être en mesure pour exécuter les ordres de Votre Altesse.
L'équipage de pontons pris est resté à Naumbourg, faute de chevaux, ayant été obligé de me servir des chevaux de prise pour remplacer ceux tués le 14 ; mais j'ai requis ici 150 chevaux de trait pour aller chercher les pontons ; enfin s'ils arrivaient trop tard, on mettra l'industrie nécessaire pour remplir les intentions de l'Empereur.
Tout le monde est très-bien disposé ; je n'ai vu un peu de tristesse sur les figures que dans deux régiments, mais ce sont ceux qui ont perdu plus de la moitié de leur monde, et encore je garantis qu'ils sont susceptibles d'être électrisés. Sa Majesté peut compter sur son 3è corps.
J'ai eu l'honneur de faire passer à Votre Altesse, par mon aide de camp Trobriant, les lettres interceptées ici.
Quelques rapports font blessé le roi de Prusse dans la bataille du 14.

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