Davout au Major général de la grande armée, prince de Neufchatel, etc.
Sompolno, le 19 novembre 1806

Monseigneur, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse que dès mon entrée en Pologne, j'ai donné des ordres pour qu'il fût construit des fours et formé des magasins de subsistance sur différents points, tant sur la route de Posen à Varsovie, que sur celle de Posen à Thorn et de Meseritz à Posen.
A Posen, il a été construit des fours capables de fournir de 60 à 80.000 rations par jour ; 1.500.000 rations en farine, eau-de-vie et légumes y ont été réunies, et 200.000 en avoine et autant en foin.
Les points désignés sur le route de Thorn sont : Gnesen, Mogilnow, Inowraclaw.
Les points de la route de Varsovie sont : Slupcé, Sompolno, Klodawa, Kutno, Lowicz.
L'approvisionnement ordonné sur chaque point consiste en 30.000 rations de fourrage, 250.000 de pain en farine blutée, 250.000 de légumes, 250.000 de viande et 500.000 d'eau-de-vie.
Il a dû être construit dans chacun de ces endroits des fours dans la proportion nécessaire pour donner 40.000 rations de pain par jour.
Les points désignés de Francfort à Posen sont : Meseritz, Pinne, Bytyn.
L'approvisionnement ordonné sur le premier point consiste en 500.000 rations en farine, le même nombre en légumes et eau-de-vie, 100.000 en avoine, et 15.000 en foin, et moitié seulement de ces approvisionnements sur les points de Pinne et de Bytyn.
J'ai aussi ordonné dans ces lieux des fours d'une capacité suffisante pour environ 40.000 rations par jour ; et pour la conservation de ces subsistances, j'ai exigé qu'il fût établi dans chaque lieu de dépôt une garde polonaise armée, chargée d'y veiller ; les comptes qui me sont rendus sur l'exécution de ces dispositions m'annoncent que les fours sont construits sur les différents points désignés, et que les approvisionnements, déjà en partie formés, se complètent tous les jours.
Aussi, Monseigneur, les armées qui suivront ces routes y trouveront des approvisionnements suffisants ; il sera seulement nécessaire de les faire précéder par des commissaires français et des commissaires du pays, pour réunir un assez grand nombre de boulangers, ou ce qui serait mieux encore, d'envoyer en avant des boulangers français. Il faudra aussi que des gardes devancent les troupes pour éviter toute dilapidation.
J'ai enfin l'honneur d'informer Votre Altesse que j'ai donné des ordres, dans tous les lieux d'approvisionnement que je lui ai indiqués, aux bourgmestres, pour qu'à l'arrivée de chaque troupe française, ils se présentent au commandant pour lui demander une garde suffisante, si elle n'était envoyée d'avance. Si Votre Altesse approuve cette disposition, je la prie de donner ses ordres pour en exiger l'exécution.

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