Davout au Major général de la grande armée, prince de Neufchatel, etc.
Varsovie, 1er decembre 1806

Monseigneur, j'ai eu l'honneur de rendre compte à Votre Altesse que j'avais confié provisoirement le commandement de la place de Lenczica à mon aide de camp Perrin, pour y organiser et y remuer les Polonais ; il s'est parfaitement acquitté de cette mission, et a déjà organisé 4 compagnies de cent et quelques hommes chacune, dont trois sont armées avec des fusils venus de Posen. La majeure partie des soldats sont déjà habillés ; le reste le sera incessamment. Ces hommes sont exercés deux fois par jour, et dans peu de temps, vu leur bonne volonté, ils pourront rendre des services.
La place de Lenczica est entièrement palissadée depuis qu'il y est : avec quelques travaux, on pourrait en faire une place assez bonne. Il faut y envoyer de l'artillerie, les Prussiens ayant évacué les trente bouches à feu qui y étaient ; il n'y a maintenant que les 4 pièces prussiennes de bataille que j'avais amenées, avec des munitions de Custrin.
Mon aide de camp s'est rendu, il y a quelques jours, par mes ordres, à Kalisz, pour y organiser 3 compagnies et les diriger sur Czenstochowa pour y former la garnison de ce fort : elles y seront rendues aujourd'hui.
Le commandement de ces compagnies est donné à des officiers sûrs, qui ont servi dans les légions polonaises et qui ont contracté, par écrit, le serment de défendre le fort et de le conserver à Sa Majesté l'Empereur et Roi. Ces compagnies trouveront les armes que les garnisons prussiennes de Czenstochowa ont déposées en vertu de la capitulation.
On avait déjà organisé à Czenstochowa, soit avec les soldats de la garnison qui ont pris du service parmi nous, soit avec des Polonais, environs 200 hommes.
Le colonel du 12è chasseurs partira de Czenstochowa pour se rendre à Rawa, où je lui donnerai de nouveaux ordres.
Les levées d'hommes se font très-facilement, mais il manque des personnes qui puissent diriger leur organisation, leur équipement et leur instruction. Il manque aussi des fusils.
L'esprit est excellent à Varsovie, mais les grands se servent de leur influence pour calmer l'ardeur qui est générale dans les classes moyennes. L'incertitude de l'avenir les effraye, et ils laissent assez entendre qu'ils ne se déclareront ouvertement que lorsqu'en déclarant leur indépendance, on aura contracté l'engagement de la garantir.

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