Davout au général Friant
Bingen, le 23 juillet 1806

Il paraît, mon cher général, que l'on inonde depuis quelque temps l'Allemagne de libelles contre nous ; on en a même saisi à Augsbourg, et un de ces libelles est intitulé : l'Allemagne dans son profond avilissement en 1806 ; bien entendu que les auteurs et éditeurs sont inconnus. Ce pamphlet est plein d'invectives contre le soldat français et contre notre souverain; concertez-vous avec les principales autorités du pays qu'occupe votre division, pour tâcher de saisir ces imprimés et surtout les colporteurs. Faites entendres à ces différentes autorités que c'est leur fournir un moyen de mériter la bienveillance de l'Empereur, que d'empêcher non-seulement l'introduction de ces libelles dans leur pays, mais encore de concourir à en faire arrêter les auteurs.
Celles d'entres elles qui craindraient de nous donner des renseignements publiquement à cet égard peuvent le faire sans se compromettre et sans en laisser des traces.
Je ferai connaître à mon souverain le zèle qu'on y mettra.
Il ne faut aucun écrit dans ces sortes de choses, cela aurait l'air d'y ajouter une trop grande importance ; des communications verbales seront suffisantes, surtout si elles sont faites par des personnes connues pour nous être attachées.
Les autorité doivent d'autant plus nous seconder qu'elles n'ont qu'à se louer de la bonne discipline de nos troupes.
Le pays va recevoir un puissant soulagement, les officiers et les soldats ayant reçu deux mois d'appointements et de solde qui vont jeter une grande quantité de numéraire dans le pays.
Les gens raisonnables doivent faire retomber les charges de notre long séjour en Allemagne sur ceux qui n'exécutent pas le traité de Presbourg, sur les Autrichiens et les Russes.
Le pamphlet désigné est arrivé par Nuremberg. Les maîtres des postes peuvent donner beaucoup de renseignements à cet égard.

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