Davout au Major général de la grande armée, prince de Neufchatel, etc.
23 novembre 1806

Monseigneur, j'ai l'honneur d'annoncer à Votre Altesse l'arrivée de Son Altesse Impériale le prince Joachim, qui est ici depuis ce matin.
Voici la position de l'armée :
La division Morand, en avant de Klodawa, à droite de la route de Kutno ; la division Friant, à la gauche de la première ; la division Gudin, la droite à Klodawa et la gauche à Chodecz.
La division de dragons du général Klein, en arrière de la 1ère division d'infanterie, ayant la route de Klodawa à Lowicz sur son front. La division de dragons du général Beaumont, à Lanienta, ayant un régiment à Gostynyn. La division de cavalerie du général Nansouty, en arrière de Klodawa.
Le 13è et le 2è de cavalerie légère, à Kutno et Lowicz. Le 1er de chasseurs qui était à Wroklaweck a eu l'ordre de se rendre à Radzivie, vis-à-vis Plock, après avoir été relevé par le corps du maréchal Lannes ; mais je n'ai pas encore la nouvelle de son arrivée à cette destination.
Hier 22, 5 ou 600 Cosaques ont attaqué un parti de 130 chevaux du 1er et du 13è qui était à Lowicz. L'engagement a duré depuis le matin jusqu'au soir. Nos troupes, malgré le nombre, ont conservé ce point important, où il y a de très-grands magasins de réunis. Dans cet engagement, nous avons eu 4 ou 5 hommes blessés. De ce nombre est M. Simoneau, officier très-brave. Il y a eu de jeunes Polonais qui nous suivent de tué.
Le chef d'escadron Guillaume du 13è et le capitaine Tavernier doivent être cités pour avoir su apprécier cette multitude et ne s'être point laissé épouvanter par le nombre.
L'ennemi a brûlé le pont de Sochaczew.
Quelques centaines de Cosaques ont rencontré un parti de 25 dragons du 9è qui n'ont pas délibéré pour les charger et en ont blessé et tué quelques-uns, mais ils ont été ramenés de suite, et nous avons perdu quelques dragons.
Le colonel Maupetit me fait le rapport du 22 au soir de Gostynyn, mais seulement sur des ouï-dire, que le même jour 4 à 5.000 Russes de toutes armes ont passé la Vistule à Plock et Tokay ; cette nouvelle sera vérifiée.
L'ennemi, du 20 au 22, avait 6 ou 7.000 hommes entre Varsovie et Sochaczew.
Tous les rapports s'accordent à dire qu'instruit des préparatifs qui se faisaient à Wroklaweck, où il y avait des magasins et des fours, et où l'on avait réuni tous les matéiaux nécessaires pour jeter un pont sur la Vistule, et dans le voisinage duquel se trouvaient trois corps d'armée, l'ennemi avait conçu des inquiétudes et avait fait ce mouvement sur Plock.
Le dernier rapport de Varsovie est du 21, je le joins ici. De petits partis français, accompagnés de seigneurs polonais, ont été, le 21, à Rawa. Aucun Russe n'y avait paru.
Aussitôt que j'aurai quelque chose de nouveau, je le ferai connaître à Votre Altesse. L'armée est réunie ; des subsistances sont préparées, et le prince Joachim étant sur les lieux, il mettra l'ensemble nécessaire entre les divers corps d'armée, en cas de besoin.
Dans la crainte que Sa Majesté ne trouve que j'ai beaucoup aventuré le parti de cavalerie qui s'est emparé de la forteresse de Czenstochowa, voici un exposé des motifs qui m'ont déterminé à ordonner cette expedition. Un jeune officier prussien, sorti de Czenstochowa, le 10 novembre, a été arrêté par les Polonais, dans les environs de Kalisz, où il était venu pour avoir des nouvelles. Le 14, il m'a été amené de Posen ; dans la conversation, j'ai tiré de lui des détails sur le fort, et j'en ai tiré la conclusion que le commandant était un homme à se rendre devant des feux de bivouac. Il était utile, en outre, pour remuer cepays, d'y montrer des Français ; de plus, ce fort renfermait des trésors plus ou moins considérables. Le commandant, dans une lettre interceptée, demandait au roi de Prusse la conduite qu'il avait à tenir pour la défense du fort et la garde du trésors. Tous ces motifs m'ont déterminé à envoyer l'ordre de faire cette tentative, qui a été couronnée du succès, par l'intelligence du chef d'escadron Deschamps, des chasseurs du 12è. On a dû mettre les scellés sur ce trésor, qui sera conservé intact.
Le fort de Czenstochowa paraît être assez important par sa position. Il a été assiégé sans succès par les Russes dans les guerres de Pologne.
On n'a pas encore de nouvelles de l'aide de camp chargé de communiquer aux Russes la suspension d'armes en vertu de laquelle nous devons occuper Varsovie.

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