Davout au Major général de la grande armée, prince de Neufchatel, etc.
Czarnowo, 26 décembre 1806

Monseigneur, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse qu'instruit que les troupes russes qui étaient hier soir près de Strzegoczin avaient effectué leur retraite par Kensy, Lady, route de Pultusk, j'ai envoyé, à la pointe du jour, le général Daultanne dans cette direction : il a effectivement trouvé l'ennemi, qui s'est replié à l'approche des troupes de Sa Majesté et a abandonné 14 bouches à feu, beaucoup de caissons et de bagages.
Le général Daultanne, instruit que le maréchal Lannes attaquait Pultusk, m'en a informé par le billet ci-joint, du 26 décembre 1806.
Le général Morand s'est porté sur Golymin avec les dragons commandés par le général Rapp.
On avait apercçu hier, ainsi que j'ai l'honneur de vous en rendre compte, à Bialice, une colonne d'artillerie, de cavalerie et d'infanterie, qui paraissait très-nombreuse. J'ai envoyé sur ce point le colonel Exelmans.
Instruit que cette colonne avait été aperçue par le général Morand, j'ai fait marcher tout de suite la division Friant, qui était en réserve soit pour la 3è, soit pour la 1ère division. J'ai trouvé à mon arrivée l'ennemi en présence.
Le général Morand a fait attaquer le bois qui était à la droite de la plaine occupée par la cavalerie du prince Joachim, et l'a emporté.
L'infanterie ennemie s'est portée en avant pour reprendre ce bois.
Après un engagement très-vif, elle a été repoussée. Le général Rapp s'est porté à notre droite, et avec son brillant courage, quoique le terrain fût très-marécageux, il a voulu croiser le sabre : la cavalerie ennemie s'est repliée ; l'infanterie russe en a fait autant, mais après avoir tiré. Le général Rapp a été mis hors de combat par le feu, il a le bras cassé.
La 2è division n'a pu arriver qu'à la nuit, ainsi que 4 pièces d'artillerie de la 1ère division. Les chemins sont affreux ; il faudra toute la nuit pour faire arriver les pièces des autres divisions.
J'ai envoyé avant midi l'ordre au général Daultanne de venir nous rejoindre avec la 3è division. Cet ordre a été réitéré. L'exécution dépend de circonstances que je ne puis prévoir.
La cavalerie légère du 3è corps, qui était avec la cavalerie de réserve, a beaucoup souffert.
Le général Morand a eu des blessés par la mousqueterie et a eu un cheval tué.
Nous employons cette nuit à faire rejoindre l'artillerie et à faire remplacer les cartouches ; à la fin de la journée, la 1ère division en manquait. Demain, je serai plus en mesure.
Dans sa marche sur Golymin, la 1ère division a forcé l'ennemi à abandonner 13 bouches à feu.
Toutes les routes et les bois sont remplis de caissons, de bagages et de soldats.

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