Davout au Major général de la grande armée, prince de Neufchatel, etc.
Fredrickfels, 27 octobre 1806

J'ai l'honneur d'annoncer à Votre Altesse l'espérance que j'ai de surprendre le pont de Francfort où le général Vialannes a dû arriver ce matin avec 400 chevaux. Des voyageurs venant de Posen y sont passés le 26 à huit heures du matin et n'ont vu aucune disposition pour l'incendier ; seulement quelques madriers étaient enlevés, ce qui les a obligés de passer dans des bacs.
Des négociants polonais partis de Varsovie le 10 octobre assurent qu'il n'y avait point de Russes, et que les bruits sur leur prochaine arrivée étaient contradictoires.
La reconnaissance poussée sur Custrin a rencontré à une lieue de cette ville un poste de 15 dragons prussiens dans le village de Ade ; 50 chevaux sont placés au village de Monter. D'après d'autres rapports, le Roi est dans la ville avec 2 bataillons de la garde royale, 2 bataillons de chasseurs, 1 bataillon de fusiliers, 6 escadrons de cavalerie, dont 2 escadrons ont descendu l'Oder : ces derniers sont de hussards ; les 4 autres escadrons sont composés de 2 de la garde et de 2 de dragons : ces derniers font le service au pont avec des chasseurs à pied.
Le roi de Prusse a dû partir hier de Custrin pour se retirer sur la Vistule.
J'ai l'honneur de prévenir Votre Altesse que si je reçois de bonne heure la nouvelle de la prise du pont de Francfort, j'irai l'annoncer pour demander des ordres, afin de ne point faire de détachements de troupes qui pourraient être en opposition avec les projets de l'Empereur.

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