Le Maréchal Davout à l'Empereur et Roi
Francfort, 31 octobre 1806

Sire, je reçois à l'instant la lettre de Votre Majesté qui annonce une continuation de bonnes nouvelles ; elles ne peuvent que m'engager, avec celles que j'ai, à m'approcher demain de Custrin et à faire des tentatives sur cette place.
Aujourd'hui 31, j'ai dirigé la division du général Gudin sur Custrin par la rive gauche de l'Oder, pour s'emparer de la tête du pont que je supposais y exister : les premiers éclaireurs du général Gudin se sont présentés, et ont trouvé, derrière une digue, quelques éclaireurs d'hommes d'infanterie, qui aux premiers coups de fusil se sont repliés dans la place et ont brûlé le pont sur l'Oder ; on leur a fait quelques prisonniers.
Le reste du 3è corps s'est porté sur Francfort et a pris position sur la rive droite de l'Oder.
Ce matin, à mon arrivée ici, j'ai envoyé à Sonnenbourg le 12è régiment de chasseurs, pour passer la Wartha ; j'en attends des nouvelles.
Demain, avant le jour, je me mets en marche sur Custrin avec le corps d'armée. Le général Gudin, pour me rejoindre, part à quatre heures du matin, de Gorgast, où il laisse seulement un bataillon avec 100 chevaux et 2 pièces de 4 ; il suivra mon mouvement, en laissant cependant un régiment pour couvrir le pont de l'Oder à Francfort.
J'ai fait partir également aujourd'hui en partisans les autres régiments de cavalerie sur Posen et Breslau.
J'ai eu mon quartier général la nuit dernière, sans m'en douter, dans une maison du baron d'Hardenberg ; on a trouvé dans sa bibliothèque quelques libelles contre Votre Majesté, mais aucun papier intéressant. J'ai cru devoir faire peser le fléau de la guerre sur un des principaux provocateurs ; en conséquence, j'ai donné les ordres ci-joints.
Les nouvelles ici sont que le roi de Prusse s'est retiré à Graudenz, où il cherche à réunir les troupes qui existaient dans cette aprtie de la Prusse.
Des voyageurs partis tout récemment de Varsovie n'avaient pas de nouvelles des Russes.

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