Le Maréchal Davout à l'Empereur et Roi
Francfort, 3 novembre 1806

Sire, les intentions de Votre Majesté se trouvent en partie remplies par la prise de Custrin ; je ferai reconnaître depuis cette place jusqu'à Crossen les rives de l'Oder.
Un parti de cavalerie que j'ai envoyé à Crossen a trouvé le pont détruit ; les autorités du pays ont eu l'ordre de travailler à la réparation, et l'on y met la plus grande activité. Le parti a continué et s'est porté sur Glogau, place où il y a quelques dépôts, portés, dit-on, à 2.000 et 3.000 hommes ; j'attends demain des nouvelles de ce parti. D'autres partis de cavalerie ont dû reconnaître et entrer à Posen, à moins d'obstacles majeurs. Nous sommes depuis quarante-huit heures à Landsberg, et demain des partis seront portés à Carzig, Friedberg, Borcow, Driesen et Schwerin, en conséquence des ordres de Votre Majesté.
L'ennemi étant très-loin, l'armée cantonnera de manière à pouvoir être réunie dans six heures.
J'ai envoyé ce soir à votre major général l'état de l'artillerie, des magasins trouvés dans Custrin ; les magasins valent plus de deux millions ; il y a 240.000 francs pour ce qui concerne l'artillerie. La prise est très-considérable. Sous quarante-huit heures, par tous les partis que j'ai eus en Pologne et les hommes que j'y ai envoyés, et le rapport des voyageurs, j'espère pouvoir donner à Votre Majesté des renseignements certains sur les Russes que quelques personnes, qui prétendent être instruites, font marcher et devant arriver vers le milieu de ce mois à Varsovie, où des préparatifs de subsistance ont été ordonnés pour le 17 novembre.
Je me mettrai en communication avec le prince Jérôme qui se porte à Crossen ; il s'est fait depuis dix à douze jours un recrutement considérable à Landsberg et Posen ; toutes les recrues sont dirigées sur la Vistule ; les rapports des partis de cavalerie sont unanimes, ils ont dérangé cette opération.

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