L'Empereur au Maréchal Davout
Berlin, 5 novembre 1806

Mon cousin, je reçois votre lettre. Je vous laisse le maître d'avancer vos troupes sur Driesen et Meseritz, sur le chemin de Posen. Je vous enverrai même probablement bientôt l'ordre de vous diriger avec tout votre corps sur Posen ; mais avant de vous laisser partir, je veux vous donner une division de 2.500 dragons du général Beaumont, que j'ai passée en revue hier et qui se reposera ici aujourd'hui. Je veux être aussi défait de cette colonne du duc de Weimar qui m'occupe les corps des maréchaux Soult, Bernadotte, et du grand-duc de Berg... Du moment que j'en aurai la nouvelle, ces trois corps me deviendront disponibles. Le maréchal Lannes est à Stettin, poussant de forts partis sur Colberg, Posen et Graudenz. J'ai envoyé 2.000 Badois pour former la garnison de Custrin. Le prince Jérôme doit avoir plus de 24.000 hommes pour flanquer votre droite. Si je prends Glogau, je le dirigerai sur cette place ; sans cela je l'enverrai sur Posen pour vous soutenir ; vous auriez alors un corps de plus de 50.000 hommes. Le corps du maréchal Augereau qui est à Berlin, bien reposé, ainsi que les cuirassiers de la division Nansouty et ma garde, pourraient très-facilement porter ce nombre à 80.000 hommes ; mais par le présent ordre, je vous fais connaître que mon intention n'est pas que votre infanterie, sous quelque prétexte que ce soit, dépasse Meseritz. Peut-être, avant que vous ayez fait ces quinze lieues, vous donnerai-je l'ordre de continuer. Il est convenable qu'avant d'ôter vos troupes de Landsberg, vous soyez assuré que les Badois sont arrivés à Custrin. Les magasins que vous avez à Landsberg seront très-utiles, puisqu'ils sont sur la rivière pour approvisionner toute l'amée.
Selon mes lettres de Moldavie, du 9 octobre, toute l'armée russe se trouvait encore sur le Dniester, près de Kaminietz. On parlait d'aller en Moldavie ou de marcher contre nous ; mais on n'avait fait aucun mouvement ; je ne pense pas qu'elle puisse être à Varsovie avant le 20 novembre. Le maréchal Ney va bombarder Magdebourg ; il me tarde que cette place soit prise. Le roi de Hollande va occuper le Hanovre : le maréchal Mortier est entré à Cassel le 1er, a mis pied à terre toute la cavalerie hessoise et a désarmé le pays. Cet ennemi hors d'état de nous nuire, tout va s'avancer sur vous.
Les hommes à pied que vous avez envoyés à Spandau se sont trop pressés de s'en aller ; toutefois ils n'auraient pas eu de bons chevaux, les régiments les ayant changés en route et les ayant remplacés par de mauvais chevaux.

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