Davout au Major général de la grande armée, prince de Neufchatel, etc.
5 novembre 1806

Monseigneur, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse que j'ai reçu des nouvelles du colonel Exelmans, commandant le 1er régiment de chasseurs, qui est entré à Posen le 4 à six heures su soir, aux acclamations du peuple ; les rues étaient tellement pleines de monde qu'à peine les Français pouvaient les traverser. Le bruit répandu par les Polonais était que les Russes s'étaient arrêtés sur les frontières.
Les Polonais sont très-disposés à se soulever et voulaient déjà prendre les armes à notre arrivée.
Je joins ici plusieurs lettres interceptées, ainsi que leur traduction.
La division Friant se porte sur Landsberg, où elle arrivera demain 6 ; elle prendra position sur la rive droite de la Wartha, en se couvrant du petit ruisseau qui tombe dans cette rivière à Landsberg et poussant des avant-postes sur les routes de Driesen et Friedberg.
Le 2è régiment de chasseurs est à Schwerin, ayant des avant-postes à Driesen.
Le 12è de chasseurs est à Friedberg, occupant Woldenberg comme avant-poste.
L'ennemi étant décidément en retraite, je laisse le 1er de chasseurs à Posen, où les 50 chevaux que j'avais envoyés en parti sur Glogau et Breslau le rejoindront en passant par Lissa.
Les partis envoyés de Landsberg, sur la rive droite de la Wartha, du côté de Graudenz, n'ont rencontré aucun ennemi et ont confirmé le rapport que tout se ralliait sur cette dernière ville.
Le départ du général Kalkreuth pour Vienne, annoncé dans la lettre interceptée, m'a été confirmé d'autre part.
Je joins à ma lettre le tableau des régiments qui restent au roi de Prusse dans la Pologne et qui n'ont pas encore donné ; ces régiments doivent se réunir du côté de Graudenz et de Thorn.
D'après les rapports qui me sont faits, les magasins de Landsberg contiennent 380 tonneaux de farine, 1.000 sacs de blé, 1.500 sacs d'avoine, 5.000 bottes de paille, 6.000 bottes de foin, le tout sous clef et bien gardé.
Le général Dombrowski arrive à l'instant ; il m'a communiqué ses proclamations et continue sa route sur Posen.
Il m'a demandé si, voyant les dispositions de la nation polonaise à se soulever, il pouvait commencer à faire remplacer les autorités prussiennes par des individus polonais. J'ai autorisé provisoirement le colonel Exelmans à n'y mettre aucune opposition et à seconder le général Dombrowski.
Je prie Votre Altesse de me faire connaître la décision de Sa Majesté à cet égard.
Je viens d'envoyer l'ordre à Custrin d'encaisser les 3.000 fusils prussiens provenant du désarmement de la garnison, afin que si Sa Majesté le juge convenable, ils soient disponibles pour être transportés à Posen, ce qui fera gagner du temps.
Le prince Jérôme est parti ce matin de Franfort ; je lui ai transmis des renseignements que j'ai déjà adressés à Votre Altesse.

retour à la correspondance de Davout