Davout au Major général de la grande armée, prince de Neufchatel, etc.
OEttingen, 6 juillet 1806

Monseigneur, j'ai l'honneur d'accuser à Votre Altesse la réception de sa lettre du 4 juillet et de celle de M. Otto, qui y était jointe.
Je ferai mon profit de l'une et de l'autre ; et, sans répandre l'alarme, il sera établi une très-grande surveillance dans nos cantonnements.
J'aurai l'honneur d'ajouter à Votre Altesse que je me suis aperçu depuis quelque temps qu'il se répandait de mauvaises nouvelles, dont la source est dans les feuilles allemandes, et particulièrement dans les gazettes d'Erlangen. J'ai eu également occasion de remarquer que la plupart des bruits qui circulent dans le pays semblent provenir de Wurtzbourg ; il serait possible que quelque agent, se croyant plus en sûreté dans cette principauté, sous le manteau d'un prince de la maison d'Autriche, y eût établi un foyer d'intrigues.
Un des bons moyens de détruire l'effet des libelles dont parle M. Otto, qui, bien mieux que moi, doit connaître les moyens de déjouer toutes les espèces d'intrigues de nos ennemis.
Il doit exister à Munich une personne qui, à la tête de ma partie secrète, m'a été très-utile pendant cette dernière campagne. Dans les précédentes elle avait sevi les armées françaises avec le même zèle ; elle est très au courant de toutes les diverses agences anglaises et autrichiennes qui pourraient exister à Munich, à Augsbourg, en Suisse, en Souabe, etc. Cet homme est propriétaire sur la rive gauche du Rhin, du côté de Mayence, et se trouve en réclamation près de Sa Majesté le roi de Bavière comme duc de Deux-Ponts. En reconnaissance de ses bons services, j'ai dans le temps recommandé son affaire à M. Otto. La copie ci-jointe de la lettre que j'ai eu l'honneur de vous adresser, facilitera les recherches de cet homme, que j'ai désigné à Votre Altesse lorsqu'elle me fit la demande d'une personne qui pourrait être employée dans la partie secrète.
Dans les circonstances présentes, j'ai cru devoir donner ces renseignements à Votre Altesse, attendu qu'ils peuvent lui être de quelque utilité.

retour à la correspondance de Davout