Davout au Major général de la grande armée, prince de Neufchatel, etc
Francfort, 7 novembre 1806

Monseigneur, j'ai l'honneur d'annoncer à Votre Altesse qu'en vertu de ses ordres, la division du général Friant arrivera le 9 à Posen, et le reste du corps d'armée le 10.
La division du général Beaumont, qui arrive aujourdhui à Francfort sera le 11 à Posen ; les subsistances sont assurées pour toutes ces troupes.
Le général Milhaud passe par Custrin et arrivera également le 11 à Posen.
Une brigade du général Gudin, qui tenait garnison à Custrin, en partira aussitôt l'arrivée des troupes badoises ; elle a son itinéraire.
J'ai fait connaître mon mouvement à Son Altesse le prince Jérôme, ainsi que les nouvelles que j'avais de la Silésie. A cet égard, je dois faire connaîre à Votre Altesse que mon beau-frère, le général Beaumont, m'ayant annoncé que le prince de Hohenlohe était autorisé à se retirer à Liegnitz, je présume que ce lieu, quoique sur la rive gauche de l'Oder, faisant partie de la Silésie, et étant d'ailleurs voisin des frontières de l'Autriche, la présence du prince de Hohenlohe, aussi intrigant que jactancieux, ne pourrait qu'être nuisible dans les circonstances actuelles ; j'envoie à Votre Altesse la lettre du général Beaumont à cet égard, afin que si elle juge convenable, elle assigne au prince de Hohenlohe un autre lieu.
Je n'ai pas eu, depuis le passage du général Dombrowski ici, des nouvelles directes du colonel Zxelmans qui est à Posen, avec le 1er régiment de chasseurs ; cependant j'en ai d'indirectes, mais certaines, de trente heures ; il n'y avait point d'ennemis à vingt lieues entre Posen et Varsovie.
L'esprit d'indépendance des Polonais se manifeste à chaque instant ; je ferai tout ce qui dépendra de moi pour que les troupes n'apportent point de changements dans cette disposition des esprits par l'indiscipline. Comme elle avait été considérable dans ces derniers temps, principalement parmi les troupes légères, j'ai fait fusiller ce matin un chasseur du 2è et un du 12è, convaincus d'avoir levé des contributions à main armée.
Ayant eu beaucoup à me plaindre du général ***, commandant ma cavalerie légère, sous le rapport des mauvais exemples qu'il a donnés et encore plus sur sa conduite dans la nuit du 13 au 14 octobre, je l'ai réduit à ne recevoir que des états de situation des régiments de cavalerie, qui ne recevraient d'ailleurs de ce général qu'un esprit qui empêcherait cette armée de rendre les services que l'on a droit d'attendre et exger d'elle.
Mon quartier général sera ce soir à Meseritz, le 8 à Pinne et le 9 à Posen.

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