Le Maréchal Davout à l'Empereur et Roi
Posen, 9 novembre 1806
Sire, j'ai l'honneur de rendre compte à Votrre Majesté qu'en entrant dans cette ville, j'ai été à même de reconnaître que c'est de toutes les classes de la société que part le voeu de secouer le joug des Prussiens. L'officier de votre état-major qui est entré à Posen ayant vu tout ce qui s'était passé, je ne donne aucun détail à Votre Majesté.
Demain je reconnaîtrai la position en avant de Posen, pour la faire prendre au corps d'armée.
Les routes étant très-fatigantes à raison des sables et des distances, les divisions Beaumont, Morand et Gudin n'arriveront ici que le 11 ; la division Friant y est arrivée aujourd'hui.
J'ai envoyé un adjoint pour aller chercher les fusils prussiens qui sont à Custrin et les faire transporter et remettre ici au général Dombrowski. J'ai des partis sur les routes de Breslau, Graudenz et Thorn ; des officiers du génie sont en tournée pour reconnaître les deux rives et les ponts de la Wartha depuis Posen jusqu'à Custrin.
On dit ici que Glogau s'est rendu hier ; les habitants ont dû forcer les bataillons de dépôt à rendre la place ; des lettres de négociants de Breslau annoncent qu'ils sauront bien empêcher que leur ville soit brûlée, en la faisant rendre aux Français, attendu que c'est une folie de leur résister.
Une personne de marque, partie le 1er novembre
de Varsovie, m'a dit que les Russes devaient décidément arriver dans cette place le 22 novembre. Le moment de l'explosion dans cette ville, où règne la plus grande fermentation, sera celui de notre approche ; c'est ce dont je ne puis douter.
Il y a des personnes parties pour Graudenz. Le colonel Guyon était le 7 avec 50 chevaux à Schneidemühl, où doit se rendre le maréchal Lannes ; on y débitait que les Russes avaient reçu l'ordre de rétrograder. Il n'y avait de cet endroit jusqu'à la Vistule que des soldats isolés ; d'ici à Thorn également. Le pont de Thorn n'est point brûlé ; les habitants paraissent avoir opposé de la résistance à ce qu'il le soit. Les Prussiens n'avaient là que la valeur d'un bataillon.
Le général Dombrowski est fort aimé ici et jouit de la confiance générale ; tout le monde lui fait des offres de le seconder ; déjà une centaine de jeunes gens des meilleures familles se sont réunis à lui et font faire des uniformes.
retour à la correspondance de Davout
|