Davout au Premier Consul
10 nivôse an XII (1er janvier 1804)

Mon Général, votre courrier que vous avez expédié le 30 frimaire pour Boulogne, Ostende et la Haye, et qui devait se rendre à Paris par les mêmes endroits, n'est pas encore de retour. Je crains quelque accident, à moins que l'amiral Verhuel expédie directement de la Haye sur Paris. J'ai écrit pour avoir des informations.
Le 8 nivôse, il y avait à Flessingue 101 bateaux canonniers de rendus et 30 pièces de 18 ; les autres étaient attendues incessamment.
L'amiral Verhuel a dû arriver à Flessingue le 9 au matin.
Les dernières tempêtes n'ont nullement endommagé nos camps.
J'ai invité le général Durutte à prendre ses mesures pour que les rapports qu'il me fait ne soient pas communiqués en même temps aux journalistes.
La communication, mon Général, avec votre quartier général de Slikens est si mauvaise et si dangereuse qu'elle est totalement interrompue ; cette mesure a été nécessaire pour la faire rétablir, et à tout événement on a fait préparer votre quartier général à Ostende, en conservant celui de Slikens.
Le général Sandoz-Laroche est arrivé hier, se disant revenant de Londres. Rien de si obscur, de si vague et de si insignifiant que toute son histoire. J'espère la débrouiller, et je vous en rendrai compte. Il assure avoir entendu dire dans un café à Londres par des émigrés français, entre autres par un nommé Caraman, que Georges était parti pour Jersey et Guernesey, d'où il devait être jeté sur nos côtes avec quelques bandits.
Je viens de découvrir un homme très-riche de ces pays-c- qui commissionnait deux individus d'Ostende pour aller, entre autres, donner de l'argent à tous les prisonniers anglais que nos corsaires amènent à Ostende. J'espère sous huit ou dix jours en savoir davantage et avoir acquis les preuves de conviction nécessaires pour démasquer, suivant toutes les apparences, le chef de l'agence anglaise dans ces contrées.
J'ai l'honneur de vous adresser, mon Général, des caricatures anglaises sur vous dont on amuse le peuple de ce pays.
Je les tiens de Sandoz.

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