Davout au Premier Consul
10 vendémiaire an XII (3 octobre 1803)

Mon Général, j'ai l'honneur de vous envoyer le procès-verbal des diverses expériences que vous avez ordonnées et qui viennent d'être faites sur la laisse de basse mer ; elles n'ont produit aucun résultat satisfaisant. L'instabilité des bancs de sable et la mobilité du fond ne permettent pas d'y établir des plates-formes pour canons et pour mortiers sans avoir recours à des pilotis et à des encaissements qui exigeraient beaucoup de temps et un travail conséquent. Mais j'ai présumé, mon Général, que vos intentions seraient remplies en établissant une batterie de mortiers et de canons sur une des dunes de la partie de l'est à la distance d'environ 600 toises du musoir. La laisse de basse mer dans cette partie n'est d'environ que de 150 toises ; et cette position est d'autant plus avantageuse qu'elle peut battre le petit passage qui existe à environ 300 toises de cette partie, entre le banc du Stroom et la terre, et par lequel des canonnières ennemies pourraient entrer, découvrir le port et le bombarder.
Le contre-amiral Emeriau est d'avis de l'établissement et de l'utilité de cette batterie.
J'en ai ordonné la construction ; elle sera prête sous peu de jours.
A moins de gros temps, le musoir de l'est sera susceptible de recevoir son artillerie dans quinze jours ; mais, mon Général, pour faire les différents armements de pièces de 36 que vous avez ordonnés, nous n'avons encore reçu que 6 pièces et 3 affûts : ainsi c'est 9 pièces de 36 et 12 affûts que le général Marmont doit envoyer pour que vos intentions soient remplies.
La destination de ces 15 pièces est, suivant vos ordres, 4 pour la batterie du musoir de l'est, 8 pour celle de la jetée, et 3 doivent être disposées pour tirer sur un angle de 45 degrés.
Nous n'avons pas encore reçu les quatre mortiers partis de Strasbourg et les boulets de 36 de Luxembourg.

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