Davout au Premier Consul
13 ventôse an XII (4 mars 1804)
Mon Général, j'ai l'honneur de vous adresser une lettre anonyme que vient de recevoir le général Dumas, et celle qu'il m'écrit à ce sujet. Toutes les injures, toutes les calomnies, toutes les atrocités que renferme cette diatribe ont l'air d'être un canevas des proclamations que ces brigands mériteraient et de leurs verbiages.
L'écriture ne paraît pas contrefaite, et la police parvient à en découvrir l'auteur, elle mettra vraisemblablement la main sur un des faiseurs de la dernière conspiration. Ces gens assi lâches que tout ce qui reste des Bourbons de France, ne pouvaient point sortir les Français de la Révolution ; mais depuis que le 18 brumaire a lui sur notre patrie et que le Génie de la France a donné le pouvoir au général Bonaparte , il a su faire marcher sous les mêmes drapeaux des personnes de tous les partis. Le général Dumas, qui a toujours eu le coeur français et qui dans tous ses malheurs n'a jamais consenti à aucune proposition déshonorante, a su apprécier autant que qui que ce soit tous les bienfaits de votre gouvernement. Il sera fidèle au serment qu'il vous a prêté, serment que l'anonyme lui reproche.
Je lui dois la justice que dans ces dernières circonstances, il s'est prononcé de la manière la moins équivoque contre Moreau et tous ces misérables qui ont voulu sacrifier leur patrie à leurs intrigues et leurs petites passions.
Quelques jours après l'arrestation de Pichegru, il règnait dans l'armée une inquiétude dont on n'osait se rendre compte, voyant qu'on avait perdu la trace de ce chef de la bande de Georges. A ce pénible sentiment a succédé la joie la plus vive et le désir bien prononcé d'apprendre que Moreau, Pichegru et tous ces autres misérables ont subi la peine due à leurs crimes. La femme contre laquelle je vous ai envoyé une note était cette malheureuse qui a été condamnée il y a quelques années à Strasbourg pour des vols et de fausses lettres de change. J'en ai adressé la preuve au conseiller d'Etat Real, par l'ordre de qui elle a été transférée à Paris.
J'ai l'honneur, mon Général, de vous envoyer l'adresse des habitants d'Ostende qui ont désiré que je sois leur intermédiaire près de vous.
Il y a 80 bâtiments en partance, dont les 25 dernières corvettes de pêche. Les vents sont toujours contraires pour l'appareillage de la flottille batave.
Depuis quelques jours, la croisière ennemie est augmentée. Hier, on a signalé les frégates
près de Blankenberg ; aujourd'hui, un vaisseau de ligne a paru pour la première fois. L'amiral Verhuel en est prévenu, si j'en juge par ses dernières dépêches.
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