Davout au Premier Consul
14 frimaire an XII (6 décembre 1803)

J'ai l'honneur de vous adresser copie du jugement condamnant à mort le nommé Bulow, qui vient d'être fusillé, il y a une heure, à la tête du camp et en présence d'une grande partie des habitants de cette ville.
Ce matin, suivant sa demande, on lui a envoyé un ministre de la religion. La première question qu'il lui a faite a été de lui demander s'il voulait se charger d'écrire à sa femme et à quelques autres personnes qu'il lui désignerait. Sur le refus de l'écclésiastique, motivé sur ce qu'il ne pouvait lui rendre ce service sans manquer à ce qu'il devait à César, Bulow alors n'a plus voulu des secours spirituels de ce prêtre, qu'il a beaucoup plaisanté devant les gendarmes. Il a été à la mort avec fermeté.
J'ai ordonné que le produits des effets et l'argent trouvés sur Bulow soient partagés entre les gendarmes des départements voisins, ceux faisant le service des côtes et les gendarmes attachés à l'armée. Cette gratification est autant pour les indemniser des dépenses extraordinaires que leur occasionne leur service qui est très-actif, que pour les encourager à continuer leur surveillance. C'est en grande partie à elle que je dois le peu de déserteurs qui existe dans ce camp.
J'ai reçu, mon Général, deux lettres datées d'Embden, des 24 et 26 novembre, de l'homme que j'ai envoyé en Angleterre par votre autorisation. Dans la première, il m'annonce qu'il existe beaucoup d'Anglais à Embden qui ont organisé des correspondances avec des agents de France ; qu'ils font parvenir leurs lettres sous enveloppe, à l'adresse de différents banquiers de plusieurs villes de l'intérieur et particulièrement de la Belgique ; que pour leur correspondance de ports de mer, ils envoient leurs lettres sous enveloppe à l'adresse des agents de commerce des puissances neutres rédidant dans nos différents ports.
Dans la deuxième, il m'annonce l'arrivée à Embden d'un officier anglais originaire d'Ostende, qui se fait appeler le capitaine Grible, et qui lui a confié, étant un peu pris de vin, qu'il venait de recevoir des paquets de la Belgique, et particulièrement de Bruxelles et d'Ostende, pour différents ministres et agents anglais.
Si Lavalette m'envoyait un homme de confiance avec l'autorisation de décacheter les lettres adressées aux banquiers et consuls, on obtiendrait bientôt des renseignements importants pour les données que j'ai.
L'individi est parti le 28 novembre pour l'Angleterre.
Le 11, le général Monnet venait de recevoir l'avis de la prochaine arrivée de la flottille batave à Flessingue.
Il est arrivé hier à Ostende 5 boots venant de Flessingue. Le contre-amiral Magon n'avait aucun avis de leur arrivée, ni de ceux qui doivent s'y rendre.

retour à la correspondance de Davout