Davout au Premier Consul
16 brumaire an XII (6 novembre 1803)
Mon Général, j'ai l'honneur de vous rendre compte que le général Serras est chargé de l'inspection de la côte depuis Calais jusqu'à Dunkerque, et réside habituellement à Gravelines, où est placée une compagnie d'artillerie légère ; une autre compagnie est à Dunkerque. Le général Vialanes a celle depuis ce dernier endroit jusqu'à Ostende : il reste à Nieuport, ainsi qu'une demi-compagnie d'artillerie légère, et le général Eppler depuis Ostende jusqu'à l'Escaut. Il est établi à Blankenberg avec une demi-compagnie prête à se porter dans l'île de Cadzandt si cela est nécessaire.
Des postes de cavalerie et d'infanterie sont placés à toutes les batteries de la côte, et le restant des 6 escadrons
occupe les villages les plus près de la côte.
Il y a maintenant 4 pièces en batterie au musoir de l'est ; la cinquième y a été portée et sera placée aussitôt que le plancher sera terminé.
Il nous tombe très-peu de malades maintenant : les premiers commencent à rentrer. Nous avons été d'autant plus heureux de ne pas en avoir beaucoup qu'il n'existe pas encore un seul hôpital du camp ouvert pour les deux divisions de Bruges campées sous Ostende. Il ne se trouve pas plus de ressources, pas un lit de plus dans aucun des hospices civils de l'arrondissement, qu'il n'y en avait avant la réunion de l'armée. Aussi a-t-on été obligé d'évacuer sur Lille, ce qui indubitablement nous en fera perdre une partie.
Ce n'est que d'hier seulement que les 18.000 francs accordés à l'hospice civil de Bruges pour une succursale de 500 lits que l'on doit y établir on été payés. On attend encore de Lille une partie des effets nécessaires à l'ouverture de cette succursale.
Nous sommes dans la même position pour la succursale d'Ostende. Cette dernière est pour 200 lits. Nous n'avons que très-peu de ressources à Gand ; il n'est point question de les augmenter ; les projets qu'on avait eus à cet égard n'ayant pu recevoir leur exécution à raison des fonds que le génie demandait pour les réparations et qu'on n'a point accordés.
L'ordonnateur en chef a demandé au commissaire général des camps 20.000 francs pour les premiers frais d'établissement, et des effets à l'ordonnateur de la 16è division ; s'il est fait droit à ces demandes, les succursales de Bruges et d'Ostende seront ouvertes.
La première livraison des 8000 couvertures que devait fournir dans le mois la compagnie Delpont a été faite seulement hier au nombre de trois cent vingt. Peu de probabilité d'en avoir d'autres d'ici à quelques temps ; il est impossible, mon Général, comme j'ai eu l'honneur de vous l'annoncer, d'en acheter dans ce pays, le ministre Dejean ayant reculé les époques de payement pour le marché des deux mille couvertures passé avec un particulier d'Ostende.
Notre situation sous le rapport des fourrages est encore bien plus mauvaise ; l'un des entrepreneurs s'est présenté il y a quelque temps à l'armée, il y a fait quelques achats et beaucoup de marchés. Mais les fonds qu'il avait annoncés n'ayant pas été envoyés, rien de tout cela n'a eu son exécution, et ce service est totalement tombé. L'ordonnateur en chef du camp de Bruges y a suppléé par un apport de denrées ; nous vivons au jour le jour et par réquisitions. Voilà, mon Général, l'exacte vérité.
Le service de la viande est parfaitement fait, et il paraît assuré. Celui du pain l'est aussi.
La solde est exactement payée : les fonds pour la gratification de campagne sont annoncés seulement pour les officiers d'état-major.
Les marins sont toujours sans solde depuis plusieurs mois et dans un état total d'abandon. Le caractère apathique du contre-amiral n'a pas peu contribué à cet état de choses : heureusement que cet officier vient d'être changé et remplacé par un autre contre-amiral.
Mon Général, depuis quelques jours, une plus grande quantité de bâtiments anglais se montrent du côté de Flessingues.
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