Davout au Premier Consul
22 frimaire an XII (12 décembre 1803)

Mon Général, j'ai l'honneur de vous adresser l'état de situation de l'armée, corps par corps, que vous m'avez demandé par votre lettre du 16, ainsi que celui de nos garnisons sur la flottille de guerre. J'y joins aussi la situation de la flottille de transport à Ostende, des 53 corvettes de pêche, celle de Flessingue tant en bâtiments de transport qu'en bâtiments de guerre à la date du 20 frimaire.
Tous les bâtiments de transport que la commission a achetés dans la Belgique sont arrivés à Ostende. Les cinq derniers y sont depuis hier. Le contre-amiral Magon vient de recevoir du ministre de la marine l'ordre de les diriger sur Boulogne, et de ne garder à Ostende que les corvettes de pêche. Toutes les mesures sont prises sur la côte pour empêcher les bâtiments anglais de s'emparer de ceux qui seraient obligés de faire côte.
Le contre-amiral Magon va faire partir pour Boulogne les 5 boots qui sont arrivés à Ostende, ainsi que je vous en ai rendu compte.
J'ai fait écrire, mon Général, par l'ordonnateur en chef Chambon au commissaire général Petiet pour qu'il fixe l'approvisionnement extraordinaire de foin et d'avoine que l'on aura à faire à Ostende pour l'embarquement. Aussitôt sa réponse, on travaillera à cet objet avec la plus grande activité.
La fabrication d'un million de rations de biscuits ordonnée à Briges, Gand et Bruxelles va avec assez d'activité, et j'ai lieu de croire qu'elle sera terminée à l'époque où vous voudrez en disposer.
Il a été fait par le ministre Dejean un marché pour la fourniture de 13.400 caisses et d'un plus grand nombre si les besoins l'exigent, pour ramasser le biscuit fabriqué ; j'ai lieu de craindre l'inexecution de ce marché : ce qui fera gâter une très-grande quantité de biscuit qui se gâte facilement.
J'ai l'honneur de vous rendre compte aussi, mon Général, qu'il n'existe dans les places de l'arrondissement de l'armée aucun effet, ni médicaments affectés au service des ambulances. Il me paraît que cet article essentiel est totalement oublié.
Je dois aussi vous prévenir qu'il n'y a pas de marchés passés pour les pièces à eau nécessaires à l'approvisionnement de la flottille de transport pour le service des troupes d'embarquement. Il en est de même pour les hamacs. Il n'a été pris de précautions pour ces deux objets que pour les garnisons de nos corvettes de pêche.
On ne s'occupe point non plus des approvisionnements d'eau-de-vie, fromage, etc.
Sous vingt jours tous les bâtiments de guerre et de transport pourront être à la rigueur prêts à Ostende, et cependant on serait arrêté par le manque d'approvisionnements dont je viens d'avoir l'honneur de vous entretenir.
Je vous rendrai compte par le retour du courrier qui m'a apporté votre lettre du 19, de la quantité de bateaux plats et des bâtiments de transport qui seront arrivés des ports de Hollande à Flessingue depuis le 20.

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