Davout au Premier Consul
26 pluviôse an XII (15 février 1804)

Mon Général, le général Soult m'a fait passer copie de votre lettre du 23. Une surveillance extraordinaire aura lieu sur les côtes et dans l'intérieur de l'armée. Heureusement il n'existe parmi les généraux et autres militaires, du moins à ma connaissance, aucune espèce d'intrigue.
Lorsque tous ces infâmes complots perceront, ils exciteront une indignation universelle et un désir bien prononcé que vous mettiez des bornes à votre clémence. Tout ce qu'il y a de Français vous suppliera d'en finir avec ces brigands qui, n'écoutant que leurs viles passions, foulent aux pieds patrie, gloire et tous les sentiments estimables.
Je viens d'avoir l'honneur, mon Général, de vous rendre compte du bon esprit de l'armée ; maintenant je vais vous entretenir d'une personne contre laquelle j'ai les plus violents soupçons. La police pourra s'assurer si c'est un agent de Pichegru et autres. En attendant, des mesures sont prises pour intercepter, sans lui donner aucun soupçon, les lettres qu'elle écrira ou qu'elle recevra. J'y joins aussi une note du général Dumas qui pourra aider la police à découvrir le repaire de Pichegru, si ce misérable n'est déjà arrêté ; enfin une note sur Donadieu. Je prends le parti de vous expédier toutes ces pièces par un courrier extraordinaire ; car dans des circonstances pareilles, les plus petits indices mènent souvent à d'importantes découvertes.
J'a eu l'honneur, mon Général, de vous écrire le 25, et de vous rendre compte du voyage que j'ai fait à Flessingue.
60 bâtiments de transport sont partis d'Ostende pour Boulogne.
Le général Dumas est persuadé que si Pichegru parvient à se soustraire aux poursuites de la police, il ira se cacher momentanément dans le Jura, où il a toujours cherché à se ménager des asiles.

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