Davout au Premier Consul
29 brumaire an XII (21 novembre 1803)

Mon Général, j'ai l'honneur de vous adresser, conformément aux ordres du 26 :
1° Un livret qui renferme l'état de situation des trois divisions, etc. ;
L'état des postes sur la côte depuis Calais jusqu'à Breskens (perconnel et matériel) ;
L'état des magasins ;
L'état des détachements fournis par les troupes de la 1ère division pour la garnison des bâtiments de la flottille ;
L'état comparatif des malades depuis le 1er vendémiaire ;
2° Un rapport particulier que j'ai fait adresser au ministre de la guerre par mon chef d'état-major sur les objets les plus essentiels du service.
Je dois vous observer, mon Général, que sur les 1106 hommes portés sur le livret aux hôpitaux, il en existe près de 400 aux hôpitaux réglementaires peu malades, traités par les officiers de santé des corps et qui rentrent journellement.
Je me sis vu obligé de faire cet établissement pour fermer une porte à la désertion. N'ayant point d'hôpitaux dans l'arrondissement de l'armée, je me suis aperçu que beaucoup faisaient les malades et obtenaient des billets d'hôpitaux, pour aller à Lille, et de là se rendaient chez eux. Mais depuis qu'il existe à Bruges et à Ostende des hôpitaux pouvant contenir 600 à 700 lits, ces hôpitaux régimentaires ne serviront plus qu'à traiter les galeux et les vénériens.
Nous avons préservé nos camps des eaux par des saignées, des fossés considérables, et en élevant le terrain où l'on est campé de près d'un pied avec le sable des dunes.
Je vous demande, mon Général, d'approuver quelques distributions extraordinaires de paille lorsque le temps sera mauvais.
Je vais vous entreteni particulièrement, mon Général, des fourrages. Ce service ayant totalement manqué avant l'arrivée du commissaire général Petiet, je me suis déterminé à avoir recours aux préfets de la Lys, de l'Escaut, des Deux-Nethes et de la Dyle, ne connaissant point encore votre décision sur les appels aux réquisitions de denrées.
J'autoriserai l'ordonnateur en chef à faire former par des marchés d'urgence, faits par l'intervention et sous les yeux des préfets, un approvisionnement au moins de trois mois, là seulement où les préfets auraient jugé impossible d'obtenir immédiatement des denrées par voie de réquisition.
C'est l'exécution de ces marchés qui, soutenant le service dans ce moment, me permet de conserver ma cavalerie sur la côte et d'attendre l'éffet des réquisitions auxquelles plusieurs préfets se sont refusés.
Il est nécessaire que les payements convenus pour les marchés d'urgence soient effectués. Ces payements s'élèveraient en totalité tout au plus à 80.000 francs, et il suffit qu'on mette les préfets à portée de soutenir la confiance par un premier payement de 30.000 à 40.000 francs.
Je vous demande ces secours afin que les administrés aient confiance dans la promesse des préfets. Ceux de l'Escaut et des Deux-Nethes ont apporté dans cette circonstance un grand zèle et nous ont rendu service. Je vais maintenant exiger d'eux qu'ils se conforment au mode que vous avez prescrit au commissaire général, et qu'ils fassent pour l'avenir des appels de denrées. L'exécution des marchés pour la partie qui n'a pu être suspendue nous donnant heureusement un approvisionnement d'environ un mois, ce service, qui m'avait donné beaucoup d'inquiétude surtout à cause des pailles de couchage, sera assuré.
Les marches de terre de marées ont lieu très-souvent, et j'espère, mon Général, que vous serez content de vos soldats lorsque vous les verrez, ils ont la meilleure volonté. Toutes les différentes batteries entreprises à l'est et à l'ouest du chenal sont achevées ; il y en a cinq à 10 pièces ou mortiers chacune. Il y a eu des remuements de terre très-considérables qui n'ont rien coûté à l'Etat. Comme elles étaient devant le front du camp, elles ont été faites par les soldats. Les 5 pièces du musoir sont en batterie, on est après à faire le chemin de halage.
Je ne vous parlerai point de la marine, le ministre allant probablement remédier au défaut d'administration et aux lenteurs qui jusqu'ici n'ont point permis au contre-amiral Magon de tirer du pays toutes les ressources qui s'y trouvent. Je lui dois la justice de vous faire connaître qu'Ostende depuis son arrivée n'est plus reconnaissable.

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