Davout au Premier Consul
29 germinal an XII (19 avril 1804)

Mon Général, j'ai l'honneur de vous rendre compte qu'en visitant lîle de Cadzandt il y a plusieurs jours, j'ai été passer quelques heures à Flessingue. Tous les bâtiments de la deuxième partie de la flottille étaient armés ; il ne manquait plus qu'une petite quantité de matelots qui sont arrivés depuis. Cette deuxième partie, composée entièrement de bâtiments de nouvelle construction, est superbe. Toutes les chaloupes canonnières portent 7 pièces de 30 (caronades ou pièces longues), et même quelques-unes des caronades de 36. Lorsque l'amiral Verhuel sera en partance, je pourrai réunir sur un point quelconque de la côte, pour la protection de sa marche, jusqu'à 16 obusiers, dont 6 à grande portée et 12 à 15 pièces de 12 et de 8.
Par les lettres que j'ai de vous, mon Général, l'amiral Verhuel doit faire venir la deuxième partie aussitôt qu'elle sera prête ; mais il m'a dit qu'il n'avait pas encore reçu d'ordres positifs : il doit vous en demander lorsqu'il sera en mesure.
Plus de la moitié des chaloupes canonnières et bateaux canoniers qui doivent former la troisième partie de la flottille est à Flessingue. L'amiral Verhuel compte avoir sous peu la totalité. Ce qui pourra le retarder, ce sont les matelots.
Je dois vous observer, mon Général, que les deux bataillons du 48è et un bataillon du 17è, qui sont les seules troupes françaises qui restent à Flessingue, se trouvant embarqués et formant les ganisons de la deuxième partie de la flottille, il ne reste plus de disponibles pour fournir des garnisons à la 3è division du camp de Bruges. Des garnisons fournies par cette division pourraient se rendre à Flessingue lorsqu'elle sera prête.
Les deux prames d'Anvers sont à Flessingue depuis près d'un mois et en rade. Les officiers qui les commandent ont été surpris de la manière dont ces bâtiments marchent et manoeuvrent, attendu leur mauvaise réputation.
Sur les cinq prames qui se trouvent maintenant à Ostende, une est gréée, armée, et a sa ganison à bord. Une deuxième est gréée, mais il manque encore six pièces de 24 pour son armement complet.
Le général Songis, qui nous a quittés hier, a écrit au ministre de la guerre pour qu'on nous fasse l'envoi de toutes les pièces de 24 courtes nécessaires à l'armement des prames qui se trouvent ici. Une troisième sera sous peu de jours gréée, et les deux autres dans le courant du mois prochain. Il ne reste plus sur les chantiers de la Belgique que deux de ces bâtiments, un à Bruges, un à Gand, auxquels on a l'ordre de ne plus travailler. Si l'on y mettait des ouvriers, elles sont assez avancées pour qu'on puisse les avoir dans un mois.
Il ne reste plus à Ostende qu'une vingtaine de bâtiments de transport qui sont en partance pour Boulogne.
L'instruction pour le canonnage de mer et pour la rame se suit avec beaucoup d'activité. Les officiers et soldats y mettent une volonté digne d'éloges.
On travaille à Dunkerque à faire les différentes batteries sur les dunes destinées à protéger la rade. Autant que possible elles seront achevées sous peu.
Je suis sans nouvelles de Sandoz- Laroche, depuis qu'il est retourné en Angleterre.

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