Davout à l'Empereur Napoléon 1er
4 messidor an XII (23 juin 1804)

Sire, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Majesté Impériale que le général Monnet m'a manifesté la crainte où il était que l'expédition annoncée dans tous les journaux anglais, et qui se réunit à Dengeness ne vienne l'attaquer incessamment, dans le but surtout de s'emparer et détruire la troisième partie de la flottille qui se trouve encore à Flessingue, et qui, suivant toute apparence, resterait encore longtemps faute d'équipage. Ce général m'a fait connaître qu'il n'était nullement tranquille sur le résultat d'une attaque, attendu qu'il n'avait pas de troupes françaises, mais seulement 1200 hommes de troupes hollandaises, pami lesquels il se trouve 900 étrangers sur qui il ne peut compter, et qui ont un très-mauvais esprit, ainsi que les habitants de l'île.
Sire, j'ai cru devoir instruire l'amiral Verhuel de ce rapport, en lui faisant connaître que Votre Majesté ne désapprouverait certainement pas qu'il fasse venir par l'intérieur des canaux tous les bâtiments de transport et les bateaux canonniers de la troisième partie de la flottille qui se trouvaient d'ailleurs sans équipages et sans garnisons. Cet amiral s'est empressé de prendre ce parti. En conséquence, on va envoyer d'Anvers 150 ou 200 pilotes ou marins pour aller chercher ces bâtiments à Flessingue, où 400 soldats de l'armée connaissant la manoeuvre des voiles se sont rendus aussi. Il a calculé que cela était suffisant pour amener les 70 bateaux canonniers de la troisième partie de la flottille et les 100 bâtiments de transport.
Les 26 bateaux canonniers qui ont leurs garnisons, et qui sont retenus par les vents contraires dans la rade de Flessingue, ainsi que les 18 chaloupes canonnières faisant partie de la troisième partie de la flottille, viendront par mer, en présence de 29 bâtiments de guerre anglais qui depuis dix jours sont mouillés depuis Flessingue jusqu'à Ostende, à deux portées de canon de la côte.
Sur les 18 chaloupes canonnières, il y en a déjà 7 en rade, et l'on n' attend pour y mettre les autres que les équipages.
Je ne dois point cacher à Votre Majesté que l'amiral perd toute espérance d'obtenir ceux nécessaires pour la troisième partie, à moins qu'on ne prenne des mesures extraordinaires.
Il ne manque absolument à cette troisième partie que les matelots. Tout le reste, artillerie et gréement, est en état.

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