Davout à l'Empereur Napoléon 1er
4 prairial an XII (24 mai 1804)

Sire, j'ai l'honneur de rappeler à Votre Majesté que les 72 bateaux canonniers et les 18 chaloupes canonnières qui composent la troisième partie de la flottille sont réunis à Flessingue.
Ces bâtiments manquent de garnisons et d'équipages. Pour les garnisons, si ces bâtiments sont destinés à la 3è division du camp de Bruges, je vous prie de m'autoriser à faire partir pour Flessingue les garnisons que chaque compagnie doit fournir, suivant vos instructions.
La 3è division, n'ayant que 4 régiments, ne peut fournir de garnisons qu'à 72 bâtiments.
En supposant que la troisième partie de la flottille batave soit destinée à la 3è division du camp de Bruges, celle-ci continuera-t-elle à fournir les garnisons sur les corvettes de pêche qui sont, ainsi que j'ai eu l'honneur de le mander à Sa Majesté, d'un mauvais service pour l'usage auquel elles sont destinées ? Elles tirent de 8 à 9 pieds d'eau, ne vont point à l'aviron, la pièce de 24 ne peut être établie en belle, à raison de la construction du bâtiment, et pour peu qu'il fasse de mer, est inutile, et lorsque ces bâtiments échouent, ils périssent presque toujours corps et biens. Ils se comportent du reste très-bien à la mer.
Je dois aussi parler à Votre Majesté des équipages. Le ministre de la guerre, dans sa dernière tournée en Hollande, a obtenu que l'on mettrait à exécution la mesure de prendre dans les bataillons bataves cinq hommes par compagnie, parmi ceux qui ont déjà navigué. Cette mesure ordonnée depuis longtemps n'avait pas eu son exécution, parce qu'elle avait été laissée à la disposition du capitaine.
En supposant que l'on obtienne ce que l'on espère de l'exécution de cet ordre, le nombre des matelots ne sera pas encore suffisant. Les 80 bâtiments de transport qui sont à Flessingue se trouvent aussi sans équipages et presque tous sans patron.
Il faut en outre que le gouvernement hollandais envoie des officiers pour cette troisième partie.
Nous avons cherché, Sire, à surmonter les difficultés et les embarras que la différence du langage devait entraîner. Tous les officiers de l'armée ont été mis en état de commander la manoeuvre de l'aviron et du canon. J'ose vous assurer qu'avec les 18 péniches que Votre Majesté vient de faire mettre à la disposition de la flottille batave, tous les anciens soldats sauront ramer sous trois semaines au moins.
Les conscrits sont exemptés de tous ces exercices pour ne point ralentir leur instruction.
Je dois aussi faire connaîre à Votre Majesté qu'il existe sur les chantiers de Bruges et de Gand deux prames qui sont abandonnées. Celle de Bruges pourrait être lancée à l'eau dans vingt jours, l'autre dans trente, cette espèce de bâtiment manoeuvrant beaucoup mieux qu'on le supposait.
Sire, vous m'avez donné l'ordre de fournir 50 hommes de cavalerie à pied pour la garnison de chaque prame ; il existe à Ostende 7 prames armées et gréées ; 5 ont seulement leurs garnisons, parce que sur les 300 de cavalerie à pied qui existaient, 50 sont malades ou ont été blessés dans la dernière affaire. L'intention de Votre Majesté est-elle que les 100 hommes qui manquent pour les garnisons des deux prames soient fournis par l'infanterie ?

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