Davout au Premier Consul
7 vendémiaire an XII (30 septembre 1803)

Mon Général, j'ai l'honneur de vous rendre compte que les épreuves de batteries sur la laisse de basse mer faites en conséquence de vos ordres, par les moyens simples qui ont été employés à Boulogne, n'ont pu réussir à Ostende à cause de la finesse des sables : les affouillements ont été considérables, quoique la mer ait toujours été belle.
Le résultat des procès-verbaux qui ont été dressés exactement après chaque marée est, quant au crapaud de mortier, que les sables ont été entrainés tout autant et inégalement, de manière qu'il reste au milieu d'une flaque d'eau un peu déversé, et tellement enfoncé qu'il est certain qu'en tirant une suele bombe avec le mortier qu'on voudrait y établir, il disparaîtrait absolument ou se renverserait. Quant à la plate-forme sur laquelle on n'avait point encore hier établi la pièce, quelque soin qu'on ait pris de fixer les madriers, les sables ayant été emportés, la plate-forme a été entièrement enlevée et jetée sur les dunes.
L'amiral Emeriau, aussi bien que les officiers d'artillerie, pensent qu'on ne pourrait établir ces batteries sur la laisse de basse mer, qu'en frappant des pilotis, les défendant par un fascinage, et ils croient encore que les 150 toises qu'on peut seulement gagner entre la laisse de haute mer et celle de basse mer ne peuvent dans acun cas un avantage assez considérable, vu le gisement de la côte et la position des mouillages, pour devoir faire préférer l'établissement de ces batteries sur la laisse de basse mer à celui d'une batterie placée sur la dune la plus avancée, à la droite de la jetée de l'est.
Aujourd'hui, on a fait l'expérience de la pièce ; demain, je me rends à Ostende, d'où j'aurai l'honneur de vous faire passer ces différents procès-verbaux.
J'ai l'honneur de vous envoyer aussi, mon Général, copie d'un rapport d'un capitaine suédois qui est entré à Ostende ce matin, et qui déclare avoir vu 60 ou 80 voiles de transport et de guerre qu'il présume anglaises.
J'en ai fait passer tout de suite une copie au général Monnet.

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