Davout au ministre secrétaire d'état Maret
14 germinal an XIII (4 avril 1805)

Je reçois à l'instant, mon cher compatriote, votre lettre du 16 germinal. Je vous adresserai, ainsi que vous le voulez, sous votre adresse, à Paris, les duvers journaux anglais qui me parviendront. Je commence par vous en envoyer trois aujourd'hui, dont l'un est du 28 mars. Celui-là contient l'extrait du Moniteur du 23 mars qui a dû arriver à Londres le 25 pour y être imprimé le 26, reçu à Kent le même jour et imprimé dans la nuit du 27 au 28. Le reste est l'affaire du ministre de la police de tâcher de découvrir ces habiles courriers.
Ce journal met dans la bouche de l'amiral Verhuel une conversation si inattendue avec l'Empereur, si opposée à ses opinions (car certes il est celui de tous les amiraux français et bataves qui ait le plus de confiance dans cette expédition), qu'elle ne mérite pas la peine d'être réfutée.
Des lettres de Brest, arrivées ce soit à quelques négociants de Dunkerque, ont annoncé le départ de l'escadre française. Si cette nouvelle est vraie, il est présumable que la flotte anglaise n'en aura pas connaissance de sitôt. Un bâtiment hambourgeois entré ce matin dans le port, parti de l'embouchure de la rivière de Bordeaux le 19 mars, a rencontré le 29 mars, à six heures du matin, à la hauteur du cap Lezard, une flotte de bâtiments de guerre anglais composée de 20 voiles. J'ai cru, mon cher compatriote, que cette nouvelle pouvait être importante dans cette circonstance.

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