Davout à Monsieur le Préfet de l'Yonne
14 germinal an XIII (4 avril 1805)

J'ai reçu, mon cher préfet, une lettre du ministre de l'intérieur qui me prévient que le collège électoral du département de l'Yonne, dont la présidence m'a été affectée par Sa Majesté, est convoqué pour le 6 floréal prochain, dans la ville d'Auxerre, et que vous êtes chargé de me remettre à mon arrivée toutes les pièces qui me sont nécessaires. Je me suis empressé de répondre que je ne pouvais point quitter le commandement de l'armée sans un ordre de l'Empereur, et que dans les circonstances actuelles je ne présumais même point qu'il pouvaot mêtre envoyé. J'a prié en conséquense le ministre de pourvoir à mon remplacement pour cette présidence et de vous en prévenir.
Je vous prierais, mon cher préfet, de vous rendre près des membres du collège électoral pour être l'interprète de mes regrets et de la peine que j'éprouve de ce que les circonstances me privent du plaisir d'aller au milieu de mes compatriotes, qui m'ont toujours honoré de leur estime et de leur bienveillance. Le désir de mériter de plus en plus ces sentiments est le motif qui m'empêche de quitter momentanément le commandement que m'a confié Sa Majesté Impériale et Royale. Maintenant il ne faut penser qu'à aller sur les bords de la Tamise pour y combattre nos déloyaux et implacables ennemis. Pour ce qui me concerne, je ferai ce qui dépandra de moi pour y mériter surtout l'estime des Bourguignons. Dans les regrets que j'éprouve est compris celui de ne pouvoir embrasser l'aimable préfet de l'Yonne et lui renouveler de vive voix les sentiments d'estime et d'amitié que je lui ai voués.

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