Davout à l'Empereur Napoléon 1er
18 thermidor an XIII (6 août 1805)
Sire, j'ai l'honneur de soumettre à Votre Majesté quelques observations sur la situation présente du hameau d'Ambleteuse et sur l'encouragement que le gouvernement pourrait accorder aux nouveaux habitants pour augmenter les constructions dont l'utilité est reconnue comme l'un des moyens les plus efficaces pour prévenir les alluvions et l'ensablement du port.
Depuis la reprise des travaux et l'établissements des camps, l'accroissement du hameau d'Ambleteuse a été très-rapide ; 20 maisons seulement existaient il y a deux ans, maintenant on en compte près de 160. Un assez grand nombre de baraques ont été construites sur des terrains vagues qui ne paraissainet être qu'un passage communal ou sur des dunes qui sont une propriété publique.
Des permissions des commandants militaires ayant suffi pour autoriser ces premiers établissements, contre lesquels il ne s'éleva d'abord aucune réclamation particulière, l'autorité civile n'est encore point intervenue dans aucune de ces commissions.
Cependant à mesure que l'on construisait avec plus de solidité, et surtout lorsqu'après deux incendies, j'ai exigé que le nouveau village fût couvert en tuiles, une foule de prétendus propriétaires se sont présentés sans autre stitres que des témoignages fort peu valides de jouissance antérieure de terrains qui alors n'avaient aucune valeur.
Les tribunaux de première instance ont admis les réclamations et condamné les nouveaux colons, sans avoir égard même à la propriété publique, ni aux alignements donnés en conséquence des plans arrêtés par Votre Majesté ; par exemple, le plan tracé et réservé pour servir au marché qui s'est nouvellement établi et qui nous est fort utile, est réclamé par un prétendu propriétaire qui exige qu'on lui en paye un loyer. Les tribunaux de première instance n'ont vu que des étrangers dans ces nouveaux colons, et ils les ont traités avec humeur et partialité. Les poursuites ont eu lieu sans énoncer de titres.
Il résulte de cet état de choses que personne n'ose plus construire, surtout du côté du port, où il est si essentiel d'encourager l'élévation des maisons, des clôtures, et s'il se joint des plantations. Quelques maisons commencées sont déjà abandonnées.
J'ai eu des promesses du préfet et du sous-préfet de remédier à ces abus ; mais elles ne se réalisent point : il est bien important que cet objet soit pris en considération, que des indemnités raisonnables soient fixées, et qu'elles ne soient allouées que sur des titres de propriété.
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