Davout au général Monnet
25 ventôse an XIII (16 mars 1805)

Le général Dumas m'a remis, mon cher Général, vos journaux anglais que j'ai fait passer tout de suite à l'Empereur. Je désire et je regarde comme très-instant que le général Marmont prenne vos dernières démarches en considération et vous envoie des troupes françaises au moins pour mettre l'île de Walcheren et le Zuyd-Beveland à l'abri d'un coup de main. La précaution que vous prenez de faire armer le petit fort de Bath est excellente et ne peut pas être trop tôt mise à exécution.
Vous pouvez être assuré, mon cher Général, que si les projets en question venaient à se réaliser, je ne négligerais rien comme votre voisin, de ce qui pourrait contribuer à les faire échouer ; mais comme l'efficacité de mes secours dépend de la promptitude avec laquelle je serai instruit, j'ai pensé que le meilleur moyen était d'établir entre nous une communication pour les signaux de la côte. Je me suis adressé au capitaine de vaisseau Meyne, qui a eu la complaisance d'entrer dans mes vues. Il m'a remis un tableau de signaux de convention uniquement destiné à cet objet ; il a fait distribuer à tous les chefs des signaux des côtes depuis Breskens jusqu'à Dunkerque le signe convenu, et il m'a remis un tableau et des pavillons que je vous fais passer pour que vous les établissiez au signal de Flessingue qui communique avec l'île de Cadzandt. Je vous prierai, mon cher Général, d'inviter votre commissaire de marine qui a dans sa dépendance les signaleurs de l'île de Cadzandt, de leur donner l'ordre d'obtempérer à ceux qu'ils viennent de recevoir du capitaine de vaisseau Meyne. Comme il est très-important d'être assuré du service et de l'exactitude des signaleurs, je fais veiller à ce que leurs gages leur soient exactement acquittés. Il paraît que ceux de l'île de Cadzandt sont très-arriérés de ce côté. Engagez votre commissaire de marine à faire ce qu'il pourra pour leur faire payer l'arriéré.
Par précaution, lorsque je serai à Dunkerque, je pourrai être instruit de ce qui vous arrivera dans une heure de temps ; je vous prierai, mon cher Général, pour nous assurer de l'exactitude du signalement, d'ordonner que tous les jours, et cela à dater du 2 ou 3 germinal, entre trois et quatre heures de l'après-midi on fasse le signal n° 10 du tableau qui pris isolément m'annoncera qu'aucune force navale majeure, dénotant un projet de débarquement, n'est en présence de l'île de Welcheren.
Le général qui vous remettra cette lettre a le commandement de la côte depuis Ostende jusqu'à Breskens, et particulièrement de l'île de Cadzandt, où sous deux jours il y aura le nombre de troupes nécessaires pour mettre cette île à l'abri d'un coup de main.
Je vous annonce avec plaisir que l'amiral Verhuel continue à aller mieux, et qu'on peut le regarder comme en convalescence.

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