Davout à l'Empereur Napoléon 1er
Bruges, le 30 germinal an XIII (20 avril 1805)

Sire, conformément aux ordres que Votre Majesté m'a donnés par sa lettre du 13, j'ai l'honneur de vous annoncer que tous les conscrits qui seront adressés pour le complet des corps du camp de Bruges seront habillés très-promptement ; la plupart des régiments ont des ressources pour leur donner même des habits, mais tous peuvent au moins fournir vestes et culottes.
La 1ère division est établie à Ambleteuse ; déjà une partie des matériaux provenant des baraques que cette division occupait à Ostende a été transportée à Ambleteuse et y est mise en réserve. Ces transports vont continuer.
J'ai visité ét pris, suivant les intentions de Votre Majesté, tous les renseignements sur ce port et sur les améliorations dont il est susceptible.
Dans l'état actuel il ne peut pas recevoir des chaloupes canonnières ; elles ne seraient pas à flot aux moyennes et mortes eaux.
Le fond du port s'est élevé considérablement depuis qu'on a achevé son creusement : ces atterrissements sont dus à la mobilité des sables, des terres, pluies, des dunes environnantes, que le vent chasse dans le port, et à une trouée qui a eu lieu au quai en prolongement de la jetée du sud. Ce motif n'existe plus depuis la construction d'un épi de garantie. Dans ce moment on travaille à la réparation de cette trouée : cet ouvrage sera achevé à la fin du mois.
Une des causes principales de ces atterrissements vient des sables qui sont déversés par-dessus la jetée basse du nord. Ces sables sont amenés dans le bassin à chaque marée par la violence des flots. On a proposé un projet d'ouvrage pour faire disparaître cette cause d'atterrissement ; mais il faudra cinq ou six semaines de travail, 40 et quelques mille livres et des ordres de commencer. Cette dépense est énorme, mais cependant regardée comme indispensable pour empêcher le mal existant de s'accroître chaque jour.
Les déblais du bassin sont commencés, ils ne seront dans une grande activité qu'au 1er floréal. Ils se font par tombereaux à cause de la trop grande distance du transport.
Ils devront être finis, suivant le marché de l'entrepreneur, le 20 floréal, et ils coûteront au moins 50.000 francs.
Je dois abserver à Votre Majesté qu'il n'est point qestion dans ces déblais de ceux de la cuvette, qui est encore beaucoup plus comblée que le bassin.
Cette cuvette pourrait recevoir 70 à 80 bâtiments , mais dans son état actuel, des bâtiments du moindre tirant d'eau ne seraient pas à flot dans toute sa partie. Son creusement est indispensable, si toute la flottille batave est placée à Ambleteuse.
Le bassin pourra contenir après son creusement 220 bâtiments des trois espèces ; une vingtaine de bateaux de deuxième espèce pourront être placés pendant la saison d'été dans l'avant-port : ainsi, en y comprenant ce que peut contenir la cuvette, le port d'Ambleteuse pourra renfermer environ 320 bâtiments des trois espèces.
La flottille batave est de 216 bateaux canonniers, 55 chaloupes canonnières et 108 bâtiments de transport : les 18 qui manquaient devant arriver au premier jour, total : 379. Il n'y aurait que 59 bâtiments de la flottille batave qui ne pourraient pas être placés à Ambleteuse.
Tous les marins s'accordent à assurer que lorsqu'Ambleteuse sera remis dans l'état où il a été, il y aura plus d'eau qu'à Boulogne.
Le fond du bassin est excellent : les bâtiments n'y ont éprouvé aucune avarie pendant l'hiver dernier.
La moitié de la première flottille batave est depuis quelques jours à Ambleteuse ; le reste doit s'y rendre au premier vent favorable.
Je dois faire connaître à Votre Majesté que depuis plus de six semaines, les bâtiments de guerre de la flottille batave ont leur compte d'équipages. Depuis cette même époque, il est arrivé plusieurs transports de patrons et de matelots pour les équipages de la flottille de transport. Sous très-peu de jours, ils auront leur complet.
On travaille avec beaucoup d'activité à l'installation des bâtiments à écuries. Ce travail sera fait sous quinze jours.
L'amiral Verhuel est en bonne convalescence et laisse espérer que sous dix à douze jours il sera rendu à la flottille.
Le ministre de la marine m'ayant fait connaître que l'intention de Votre Majesté était de faire saisir dans l'île de Ter Goes tous les marins et déserteurs français qui s'y étaient réfugiés, cette levée va se faire ces jours-ci, et j'ai pris avant mon départ pour la présidence du collège électoral du département de l'Yonne auquel je suis appelé par votre décret impérial toutes les dispositions nécessaires pour assurer le succès de cette levée.

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