Davout au ministre de la guerre, major-général
Hasembach, 11 vendémiaire an XIV (3 octobre 1805)

Monsieur le Maréchal, j'ai l'honneur d'annoncer à Votre Excellence que le corps d'armée à mes ordres occupe aujourd'hui la position suivante. L'avant-garde et la brigade de cavalerie légère sont placées en avanr de Ilshofen, les 1ère et 2è division à la lisière du bois, en avant de Nesselbach, la 3è à Ingelfingen, ainsi que les parcs en arrière de cette division, la division de grosse cavalerie à Moeckmühl.
Demain 12, à moins de contre-ordre, l'avant-garde et la brigade de cavalerie traverseront le territoire prussien et prendront position en avant de Dinkelsbuhl.
Les 1ère et 2è divisions seront placées à une demi-lieue du territoire prussien, près Crelsheim, la 3è division à Ilshofen, ainsi que les parcs la division de grosse cavalerie à Lashbach.
En cas que les Prussiens fissent quelques difficultés et voulussent s'opposer au passage des troupes, mes généraux Vialannes et Eppler ont ordre d'en attendre de nouveaux, et de représenter que conformément aux articles additionnels du traité de Bâle, les armées françaises peuvent traverser le territoire prussien et ne peuvent y prendre de positions retranchées qui dussent attirer le théâtre de la guerre sur les possessions de Sa Majesté Prussienne. Je serai à portée pendant ces opérations et je ferai passer outre, de manière cependant à éviter les coups de fusil. Les bruits qui circulent depuis deux jours me font croire que les observations ne seront que pour la forme. Le général prussien Hohenlohe a mandé qu'il ne pouvait point venir, la Russie venant par ses mauvais procédés de mettre la cour dans le cas de lui faire la guerre.
Les vivres vont bien aujourd'hui, toutes les divisions de l'armée ont pris le pain jusqu'au 14, ainsi que la viande ; j'ai encore à Ilshofen du pain jusqu'au 17. Je dois la facilité de l'exécution des réquisitions à la bonne discipline de ce corps d'armée ; je lui dois la justice qu'aucune plainte ne m'a été porté ; aussi nous trouvons les habitants partout.
Je comptais sur 100.000 rations de biscuits, que j'avais fait demander à Mergentheim ; le général hollandais Dumonceau occupe cette ville ; il paraît que la réquisition ne recevra pas son exécution. J'en ai près de 200.000 qui courent après moi, mais nous allons vite et dans de mauvais chemins. Ce biscuit ne me rejoindra que du 15 au 16.
Je suis sans moyens pour les premiers secours à donner aux blessés ; je dois espérer que je recevrai ce que j'ai laissé en arrière.
Nous sommes maintenant dans des routes de poste. Le général autrichien Walmoden a été vu à Ellwangen, ces jours derniers, avec 400 chevaux.
Hier soir, un détachement que l'on présume de ce corps a été vu à Buhlerthann.
Nos reconnaissances communiquent fréquemment avec celles du maréchal Soult.
Il est arrivé ici un colonel hollandais venant de Mergentheim où est cantonnée la division ; elle y était encore ce matin.
Demain, mon quartier général sera à Ilshofen.

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