Davout à l'Empereur et Roi
14 vendémiaire an XIV (6 octobre 1805)

Sire, j'ai l'honneur d'adresser à Votre Majesté le rapport que je lui ai annoncé hier et qui a toutes les couleurs de la vérité.
Des déserteurs autrichiens que j'ai fait questionner faisaient partie d'un de ces régiments qui, le 9 vendémiaire, se sont mis en marche de Warthausen pour Burgau.
Deux jours auparavant, deux régiments d'infanterie à 4 bataillons, dont un doit être celui de l'archiduc Renier, ont fait le même mouvement.
L'avant-garde a pris position hier 13, à OEttingen ; elle en partira aujourd'hui, à dix heures, pour se porter sur Harbourg et s'emparer du pont. Le reste du 3è corps de la grande armée sera rendu à OEttingen, ce soir, vers les cinq heures.
La journée a été extrêmement forte hier ; la division de grosse cavalerie du général Nansouty n'est arrivée que vers les onze heures du soir.
Mes approvisionnements de biscuit sont encore à deux marches de moi ; j'éprouverai sous le rapport des subsistances bien des contrariétés que je chercherai à surmonter.
Suivant les nouvelles que je recevrai de l'ennemi, je passerai la Wernitz pour aller au corps du maréchal Bernadotte ; je préviendrai le maréchal Soult de ce mouvement, conformément aux ordres de Votre Majesté.
J'ai eu l'honneur de faire part à Votre Majesté de mes craintes, en voyant entrer le général Dumas dans le grand quartier général, qu'il ne me fasse retirer par le ministre des officiers de l'état-major ; elles viennent de se réaliser.
Le ministre de la guerre donne l'ordre de lui envoyer l'adjudant commandant Romeuf que j'employais très-utilement pour faire les reconnaissances des chemins. je ne suis point riche en officiers d'état-major, et certainement cet officier sera plus utile ici qu'au grand quartier général. Je supplie Votre Majesté de daigner remplir la promesse qu'elle a bien voulu me faire, qui était de l'empêcher.

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