Davout au ministre de la guerre, major-général
Munschroth, 14 vendémiaire an XIV (6 octobre 1805)
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Monsieur le Maréchal, je n'ai pu regarder comme officiel l'ordre d'envoyer à votre état-major l'adjudant commandant Romeuf. Celui que vous avez dû m'expédier ne m'était pas parvenu.
Le général Dumas m'a bien fait part que vous l'aviez donné. Cet officier général, qui connaît l'état-major de ce corps d'armée, eût dû vous représenter que j'avais peu de bons officiers d'état-major, et que me retirer l'adjudant commandant Romeuf, c'était nuire au service.
Enfin, avec son patelinage ordinaire, il s'est fait donner cet officier qui certes ne sera pas aussi utile au service de Sa Majesté qu'il l'eût été ici. J'ai cru devoir le réclamer à Sa Majesté, qui, dans le temps, m'a promis de veiller à ce que le général Dumas ne m'enlevât pas les personnes qui lui conviendraient.
L'avant-garde, ainsi que j'ai eu l'honneur de vous en rendre compte, a pris position hier à OEttingen ; le corps d'armée qui s'est réuni en entier ici, y compris la division du général Nansouty, se met en marche, aujourd'hui 14, pour occuper la position que quitte l'avant-garde en se portant sur Harbourg.
Je vais me trouver embarrassé pour les subsistances : le général batave Dumonceau a empêché l'exécution d'une réquisition de pain que j'avais frappée sur ma gauche.
On m'a enlevé quarante mille rations de pain que j'avais fait lever sur ma route.
Les approvisionnements de biscuit que j'avais fait faire à Worms, Manheim et Heidelberg sont à deux jours de moi. Je chercherai à lever tous les obstacles par des distributions de farine s'il est nécessaire ; enfin je ferai pour le mieux pour être en mesure de me porter au secours du maréchal Bernadotte, contre qui, suivant toute apparence, marche un corps assez considérable.
J'a l'honneur de faire observer à Votre Excellence qui le parc de réserve qui consiste en quelques caissons de munitions de bouches à feu et d'infanterie, ayant fait de très-grandes journées dans de mauvais chemins, a beaucoup de chevaux blessés, et que l'on est obligé d'y employer des boeufs.
Nous avons beaucoup de caissons vides, et nous pouvons être dans la nécessité de faire remplacer les munitions avariées. Je prie Votre Excellence de me faire connaître où est le parc général.
Des réclamations ont été faites par le général Sorbier et par le directeur du parc de ce corps d'armée, mais ils n'ont point encore obtenu aucune réponse.

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