Davout à l'Empereur et Roi
20 vendémiaire an XIV (12 octobre 1805)

Sire, j'ai prévenu les instructions de Votre Majesté à votre ministre de la guerre. L'état des forces autrichiennes qui se trouvent sous les ordres du général Kienmayer est exact ; un commissaire bavarois que j'ai vu dans ce pays, et entre les mains duquel les divers états pour les subsistances ont passé, me l'a encore confirmé. J'ai lieu de croire aussi que la note que j'ai envoyée sur l'arrivée des Russes est de la même exactitude. La première colonne de cinq bataillons a dû arriver aujourd'hui sur les confins du territoire autrichien du côté de la Bavière ; les colonnes marchent à quatre jours de distance les unes des autres.
Le général Kienmayer doit coucher cette nuit à quatre lieues de Munich ; sa retraite a été si précipitée qu'il a laissé 400 hommes que M. le maréchal Bernadotte a fait prisonniers.
On assure que le général Kienmayer a pris la route de Braunau et a dirigé sur Wasserbourg les dépôts des corps.
Le découragement est très-grand ; je suis convaincu qu'en trois ou quatre marches et quelques combats d'avant-garde, ce corps serait presque détruit.
Il y a sept jours seulement que le grand parc d'artillerie est passé par Munich se rendant à Landsberg ; les attelages étaient extrêmement fatigués ; on a compté jusqu'à 27 chevaux morts dans l'espace de sept lieues. Selon toute apparence, ce parc tombera au pouvoir du maréchal Soult.
Des rapports feraient croire que l'ennemi cherche à déboucher par Füssen.
Votre Majesté m'a recommandé de faire faire du pain partout. Ces pays-ci sont entièrement dévastés tant par les Autrichiens que par les troupes de Votre Majesté, dont l'indiscipline a besoin d'exemples de sévérité pour réprimer les désordres qui se commettent journellement et desquels j'ai rendu compte au ministre de la guerre.
J'ai fait occuper Bruck et Germering par de très-forts détachements et fait pousser des reconnaissances sur Landsberg pour communiquer avec les troupes de M. le maréchal Soult.
Je viens de faire partir l'ordonnateur en chef pour Munich, afin de nous y faire confectionner du pain et du biscuit pour quatre jours.
Le général Heudelet, qui commande l'avant-garde du 3è corps d'armée, a fait replier cette nuit tous les avant-postes ennemis ; un détachement du 2è chasseurs s'en est acquitté avec beaucoup de vigueur, il a pris 20 hussards de Blankenstein, en a blessé autant et tué 10, dont un officier ; l'infanterie n'a pas tenu, elle s'est dispersée dans les bois, on en a déjà ramassé une centaine.

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