Davout au ministre de la guerre, major-général
Dachau, 25 vendémiaire an XIV (17 octobre 1805)

Monsieur le Maréchal, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence que le parti que j'ai envoyé sur Füssen s'est assuré que les Autrichiens occupent ce point avec 4 bataillons et environ 500 chevaux des cuirassiers de Mack. Ils défendent la route sur la rive droite du Lech par 4 compagnies d'infanterie et 200 chevaux postés à Hohenschwangau. Ils ont des postes avancés d'infanterie dans les bois qui sont sur les routes, à la droite et à la gauche du Lech. Les équipages et l'ambulance sont à trois lieues en arrière de Füssen ; on compte dans les environs de cette ville 5.000 à 6.000 hommes avec 800 chevaux, débris du régiment des cuirassiers de Mack, qui en entrant en campagne en comptait au moins 1.600.
L'ennemi garde tous les passages du Tyrol ; il a établi toutes ses communications par la vallée de l'Inn avec le corps d'armée qui est derrière cette rivière.
Le 23, il n'y avait encore que 13.000 Russes arrivés entre Neu-OEttingen et Muhldorf ; leur tenue était très-belle, le prince Bagration était à leur tête ; les autres colonnes étaient attendues à quelques jours de là.
J'ai l'honneur de faire observer à Votre Excellence qu'il est instant que l'intendant général de l'armée prenne des mesures pour faire établir à Dachau et à Munich des magasins d'approvisionnements de différentes espèces, le 1er et le 3è corps de la grande amée n'y existant qu'au jour le jour, et sans pouvoir par conséquent s'occuper des besoins des troupes que Sa Majesté pourra faire passer par ce pays ; j'ai même lieu de penser qu'il sera nécessaire de prendre à Augsbourg des vivres et des fourrages pour le trajet jusqu'à Munich.
Un autre objet non moins important sur lequel je prie Votre Excellence de fixer son attention, et dont l'intendant général doit s'occuper essentiellement, c'est le service de santé, qui n'est nullement organisé dans ce corps d'armée.
Le commissaire ordonnateur en chef, n'ayant à sa disposition aucun moyen pécuniaire, se trouve dans l'impossibilité de former des établissements, même temporaires, pour recueillir les malades ; il est cependant beaucoup d'objets qu'on ne peut obtenir pa voie de réquisition.
Déjà les malades augmentent à Dachau, où j'avais demandé que l'on préparât des établissements au moins pour 40 hommes ; ils vont être sous peu doublés, et j'ignore comment pouvoir les faire évacue, soit sur Harbourg, ou tout autre point sur les derrières, les moyens de transport manquant, d'un côté, et n'ayant pu, de l'autre, préparer un point intermédiaire à Aichach pour procurer aux malades quelque soulagement à leur passage.
Nos moyens d'ambulance sont à bien dire nuls ; quelques voitures des équipages des hôpitaux venant de l'armée des côtes ont dû marcher à la suite de ce corps d'armée, mais n'ont pu encore le rejoindre, sans doute par le mauvais état des chevaux, après une si longue route. Je les attends sous peu, mais je doute qu'ils puissent nous offrir de grandes ressources.
Votre Excellence n'ignore point que, par la précipitaion de nos marches, les corps n'ont pu exécuter à temps l'ordre de Sa Majesté, qui leur prescrit de se pourvoir de caissons d'ambulance de premier secours, et qu'enfin tout est à créer pour le service de santé.
J'ai l'honneur de prier Votre Excellence de prendre cet objet dans la plus grande et sérieuse considération.

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