Le Maréchal Davout au felf-maréchal Hiller
27 frimaire an XIX (18 décembre 1805)

Monsieur le Général, je reçois à l'instant de Presbourg la lettre que vous m'y avez adressée relativement à l'occupation du village hongrois Eugereau par des détachements du corps que je commande.
Ce malentendu vient d'un de vos officiers qui a retenu les deux premiers jours de notre arrivée à Presbourg le pont volant sur la rive droite et qui a empêché toute espèce de communication. Cet événement a donné lieu à l'occupation d'Eugerau, qui eût été évacué depuis quarante-huit heures si les officiers qui se rendaient à Presbourg porteurs des ordres de cette évacuation n'eussent pas été empêchés par vos propres troupes.
J'envoie au général Vialannes, commandant mes avant-postes, l'ordre de retirer toutes mes troupes qui se trouvent sur le territoire hongrois et de se concerter avec le général autrichien commandant les avant-postes de Son Altesse Royale pour qu'il n'y ait aucun malentendu dans l'occupation du territoire déterminé par l'armistice ; j'éviterai toujours avec soin, Monsieur le Général, tout ce qui pourrait le troubler, persuadé que, de votre côté, vous ferez disparaître toutes les mesures qui pourraient être considérées comme des hostilités, si elles continuaient après ces explications : je veux parler surtout de la défense de continuer les envois de subsistance que faisait la Hongrie même pendant la guerre.
Il m'a été fait le rapport que des ordonnances et des officiers porteurs de dépêches avaient été arrêtés par vos postes et les dépêches prises ; je charge le général Vialannes de vérifier ces faits et, s'ils sont véritables, de vous en donner connaissance en vous priant de punir les coupables. J'ai donné les ordres pour que, lorsque le temps le permettra, les communications de Presbourg avec la rive droite continuent comme à l'ordinaire. Je vous prie aussi d'en donner pour que cette communication soit protégée sur la partie du terrain occupée par vos troupes.

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