Davout au Ministre de la Guerre, Major général
Presbourg, 29 frimaire an XIV (20 décembre 1805)
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Monsieur le Maréchal, ma lettre au général Beaumont était une représaille vis-à-vis de ce général. Presbourg étant encombré et ne pouvant point contenir les deux divisions Friant et Gudin, je me suis vu obligé de laisser sur la rive droite de la March, provisoirement, le 15è régiment d'infanterie légère, en attendant que le ministre nous ait assigné des cantonnements ; le général Beaumont, nonobstant cet ordre et la nécessité qui l'avait motivé, a envoyé ce régiment à Presbourg y augmenter nos embarras de toute espèce. Mon voyage à Vienne avait pour objet de nous en retirer ; il n'y avait pas de temps à perdre, la maladie commençant à nous gagner. L'Empereur assigne des cantonnements pour la division Gudin sur la rive droite du Danube, et pour la division Friant, Presbourg et le pays compris entre Presbourg et Marchegg et l'embouchure de la March y sont compris. En me rendant à Presbourg, je reçus le rapport relatif au 15è ; j'ai trouvé la conduite du général Beaumont si leste que j'ai exigé tout de suite l'exécution des ordres du ministre ; au surplus, j'avouerai à Votre Altesse Sérénissime que ce n'était point la marche à prendre ; votre lettre pleine d'obligeance n'a pu qu'ajouter à cette conviction. Après cet aveu, je vous prierai, Monseigneur, de laisser à notre disposition ces villages, ils nous sont nécessaires, étant réduits par l'amistice à le seule ville de Presbourg.
Aussi les troupes depuis cette époque ont-elles été beaucoup plus mal qu'auparavant.
En attendant vos ordres à cet égard, elles resteront dans leur ancien état, c'est-à-dire très-encombrées.
La division Gudin occupait le château de Presbourg, mais elle y a tant de malades que je ne puis placer dans cet endroit aucune troupe ; le départ de cette division alors n'est pas un soulagement pour celle qui reste.
J'attends, Monsieur le Maréchal, avec bien de l'empressement, votre décision, n'ayant point entretenu l'Empereur de ces circonstances.

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