Davout à l'Empereur et Roi
29 vendémiaire an XIV (21 octobre 1805)

Sire, le 3è corps de la grande armée de Votre Majesté attend avec une vive impatience son tour de vous prouver sa fidélité et qu'il est composé aussi de soldats dignes de leur illustre souverain.
Nous avons le pain jusqu'au 3 brumaire inclus ; on a profité de ces jours de repos pour réparer les armes. Nous ne sommes pas très-riches en cartouches d'infanterie, le convoi que nous avions laissé à Manheim faute de chevaux, et qui en est parti le 16, ne nous ayant pas encore rejoints ; j'ai envoyé plusieurs officiers au-devant pour en accélérer l'arrivée ; cependant, indépendamment des 50 cartouches par soldat, nous en avons environ 700.000 dans les caissons : aussi nous pouvons livrer quelques combats.
On confectionne des souliers à Munich ; nous en avons pour les besoins les plus urgents.
Aujourd'hui, deux régiments de la 2è division se sont portés sur la route de Freising à Munich.
Demain de très-bonne heure, toutes les autres divisions seront établies entre Dachau et Munich. Si ce mouvement n'a pas été fait aujourd'hui, c'a été pour laisser le temps au maréchal Bernadotte de retirer ses troupes qu'il a sur la rive gauche de l'Iser, dans un rayon de trois lieues de Munich.
J'ai adressé, Sire, à votre ministre de la guerre le tableau des régiments qui composent le corps d'armée du général Kienmayer, celui de l'archiduc Jean, dont le quartier général est à Insprück ou Scharnitz, et enfin celui du corps d'armée russe.
Les renseignements sur les Russes varient ; il paraîtrait que toutes leurs colonnes ne sont pas encore arrivées (une est attendue du 8 au 10 brumaire), et que tous les soldats ne sont pas armés ; les Autrichiens avaient compté sur les armes des Bavarois, pour cet article important.
Un ordre de la cour de Vienne du 3 octobre paraît avoir déterminé l'envoi du général Kienmayer du côté d'AEichstaedt ; ce général devait se porter sur Amberg pour y cerner les Bavarois ; l'arrivée des armées de Votre Majesté a dérangé ce plan.
Les Russes sont toujours du côté de Braunau et les Autrichiens près de Muhldorf ; ils n'ont presque point de troupes du côté de Wasserbourg et Rosenheim.
Il paraîtrait que quelque infanterie ennemie se serait portée sur Landshut, les renseignements du maréchal Bernadotte sont contraires. Je ne cite ce rapport à Votre Majesté que parce qu'il me vient de quelqu'un de qui j'ai toujours été assez bien servi.
Si ce rapport est exact, je suppose que c'est pour tirer des subsistances de cette partie de la Bavière qui offre beaucoup de ressources sous ce rapport.
Les derniers rapports que j'ai adressés au ministre de la guerre sur les forces autrichiennes à Füssen, Scharnitz, sont exacts, des déserteurs les ont confirmés.

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