Davout au ministre de la guerre, major-général
Vienne, 6 frimaire an XIV (27 novembre 1805)
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Monsieur le Maréchal, je reçois à l'instant les lettres que Votre Excellence m'a fait l'honneur de m'écrire hier, 5, à onze heures du soir ; vous verrez par ma dernière dépêche qu'une partie de ces instructions était déjà remplie.
1° Le général Gudin a dû être maître du pont de Neudorf aujourd'hui à quatre heures du matin.
2° Le 12è régiment de chasseurs à cheval, qui était à Neustadt, a reçu l'ordre de se rendre à la hauteur de Presbourg, sur la rive droire du Danube.
Le général Vialannes, avec une partie de sa cavalerie, passera sur la rive gauche du Danube, à Presbourg, où je serai de ma personne demain de très-bonne heure.
J'ai donné l'ordre au général Friant de venir occuper avec sa division les cantonnements de Aspern, Hirschstetten, Kagran, Breitensée, Leopoldau, Spitz, Jedlersdorf et Stammersdorf.
Le général de brigade Heudelet, ayant sous ses ordres 800 hommes d'infanterie de la division Friant, un régiment de dragons de la 2è brigade de la division Klein, et une pièce d'atillerie, est chargé de parcourir le pays situé entre la grande route de Brünn et la rive droite des rivières de la March et de la Taya, afin de balayer tout ce qui pourrait encore rester de partis ennemis dans ces contrées. Déjà, sur les premiers avis que j'avais reçus que l'ennemi poussait des partis sur la rive droite de la March, j'avais fait battre la campagne, ainsi que j'ai eu l'honneur d'en rendre compte à Votre Excellence, par un détachement d'infanterie de la division Friant ; les derniers rapports me confirment que l'ennemi a fait replier tous ses postes et partis sur la rive gauche de la March.
Le général Heudelet reçoit l'instruction de semparer de tous les bacs existant sur cette rivière.
Depuis vingt-quatre heures, je n'ai pas reçu de nouvelles du détachement du 7è régiment de hussards, commandés par le chef d'escadrons Méda, que je tiens depuis quelques jours sur la March ; j'ai tout lieu de présumer que son éloignement actuel l'empêche de correspondre avec moi.
La division du général Klein est à six lieues d'ici ; demain sa première brigade joindra le général Gudin à Presbourg. Un régiment de la 2è brigade de cette division passera à la disposition du général Heudelet ; le 2è régiment de la 2è brigade sera cantonné à Ramsdorf et Schweschat, couvrant la route de Presbourg sur la rive droite.
D'après ces dispositions, il me paraîtrait plus convenable que le général Bourcier balayât le pays compris entre la Taya et la March ; je lui écris dans ce sens ; au surplus, les renseignements que j'obtiendrai demain à Presbourg me procureront des données plus positives.
Je ferai mettre à exécution les ordres de Sa Majesté pour le baraquement des troupes. Ce ne sera qu'à mon retour de Presbourg que je pourrai répondre en détail aux questions que Votre Excellence m'a faites sur la place de Vienne ; j'en excepterai même les sixième et septième questions relatives à la garde bourgeoise, auxquelles je ne me propose de répondre que dans quelques jours, afin de pouvoir vous donner des renseignements exacts et y apporter toute la prudence que me recommande Votre Excellence.
Je puis déjà lui faire connaître qu'il existe autour de la place de Vienne onze bastions sur chacun desquels il y avait deux pièces de canon que l'on a fait rentrer à l'arsenal ; il y a des portes qui n'ont point été fermées depuis nombre d'années, mais il n'y a pas de pont-levis.
La manutention est dans l'intérieur de la place.
Pour mettre la ville à l'abri d'un coup de main, il ne faut que fermer les portes et placer de l'artillerie sur les remparts.
Toute l'artillerie de siège se trouve dans les arsenaux, qui sont situés dans l'intérieur de la ville.
L'artillerie de campagne, avec celle ramassée sur la route de Brünn, est réunie dans les fossés de la place.
A mon retour de Presbourg, j'aurai l'honneur d'adresser à Votre Excellence un rapport détaillé sur le pont à construire sur le Danube au-dessus de la place de Vienne.
Le général Friant me rend compte à l'instant que le détachement d'infanterie de la division qui avait été chargé d'éclairer le pays et de battre la campagne sur la rive droite de la March a eu connaissance que Nikolsburg et lieux voisins étaient occupés par la 4è division de dragons, qui a dû recevoir aujourd'hui l'ordre de venir s'établir à Volkersdorf.
Les postes établis sur la rive droirte de la March ont remarqué que l'ennemi apporte beaucoup de surveillance dans la garde de la rive gauche ; les principaux postes de l'ennemi sont vis-à-vis Angern et Scholshof, château appartenant à l'empereur d'Autriche.
Il a été découvert dans les environs de Volkersdorf une pièce de canon de 12, 1 affût et 2 caissons qui seront conduits demain à l'arsenal de Vienne.

P.S. Je reçois à l'instant un rapport du chef d'escadrons Méda, duquel j'ai l'honneur de vous adresser copie.

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