Lettre d'Hortense de Beauharnais à son frère Eugène
5 décembre 1805

Moi qui me réjouissait de la paix, mon cher Eugène, et tu vas peut-être te battre ! On parle beaucoup à Paris du débarquement de Naples. Lavalette n'avait pas voulu m'en parler, de peur de m'inquiéter, mais il avait tort ; est-ce que je n'ai pas de courage ? Quand mes fils seront grands et qu'ils iront se battre, je pleurerai en les quittant, mais je ne ferai pas un pas pour les retenir. Dis à Lavalette qu'il ne me cache plus rien de ce que tu lui écris, car je serais bien plus inquiète si, me croyant plus faible que je ne le suis, tu crains de me donner de l'inquiétude. J'ai bien dans l'idée que l'Empereur ira en Italie ; tu serais bien heureux de te battre sous ses yeux et je t'assure que je n'en serais pas fâchée non plus.
Adieu, je t'embrasse. J'ai toujours recours à M. Bataille pour me donner de tes nouvelles, quand tu n'en auras pas le temps.
J'ai vu avec plaisir combien tu es aimé, tout le monde prend bien de l'intérêt à ton mariage.

Hortense

retour à la correspondance d'Hortense