Lettre d'Hortense de Beauharnais à son frère Eugène
12 septembre 1810 , Aix

Je suis un peu mieux, mon cher Eugène ; cependant je vois bien que j'ai décidément la poitrine un peu attaquée, car j'en souffre toujours, mais il en résultera ce qui pourra.
Je retourne décidément le 20 septembre ; mon médecin voulait que je reste encore jusqu'à la fin du mois, mais il y a si longtemps que je suis loin de mes enfants ! Et peut-être l'Empereur le trouverait-il mauvais ; d'ailleurs, on veut que j'aille si doucement que je ne serai jamais qu'à la fin du mois à Paris.
Je suis bien embarrassée d'une chose : l'Impératrice veut absolument que je retourne avec elle à Paris, ce qui me ferait prendre une autre route. Mais, comme j'avais écrit à l'Empereur pour le lui demander, j'attendais sa réponse et je n'en reçois pas. J'espère cependant que son intention est que l'Impératrice retourne bientôt : elle ne peut pas rester l'hiver à Genève et, alors, c'est tout simple que je retourne avec elle. D'ailleurs elle y tient beaucoup ; sa position sera bien si l'Empereur la soutient, mais, quand elle peut craindre d'en être rejetée ou oubliée, elle trouve sa position équivoque et elle s'attriste, c'est bien simple ; j'espère qu'il lui écrira bientôt, car il y a longtemps (sic).
Aussi, dans ces moments, tu sens que ce serait mal de la laisser : j'irai donc la rejoindre à Genève, et il me semble que son absence aura été assez longue pour que nous puissions retourner tout de suite. Si l'Empereur ne nous a pas répondu, certainement ce ne peut-être pour qu'elle prolonge son séjour loin de lui. J'en reviens toujours à ce que j'ai dit : suivre le Moniteur à la séparation et ne pas écouter les bavards qui disent : "Position peu convenable." La manière d'être de l'Empereur fait la convenance et, jusqu'à présent, il a toujours été parfait. Adieu, mon cher Eugène, je t'embrasse tendrement.

Hortense

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