Lettre d'Hortense de Beauharnais à son frère Eugène
2 décembre 1814, Paris

On me dit qu'une occasion part pour Vienne. Comme la poste va bien lentement, j'en profite avec plaisir. Il n'y a rien de nouveau pour moi. Je ne sais quand mes affaires finiront ici ; pour mon procès, tu as beau dire, il n'y a pas de doute que je dois le gagner, puisque c'est moi qui donne un état à mon fils et que son père veut le lui faire perdre.
Pour toi, je suis bien tourmentée de voir que ce Congrès ne se finit pas, car tes affaires te forceront à venir bientôt ici ; si tu as le projet de vendre la Malmaison, tu le pourrais peut-être bientôt et, pour payer toutes nos dettes, il faut venir ici ; il faut ta présence pour arranger cela, car Soulange et ce pauvre Bourgalic n'y entendent rien ; ce dernier, même, est bien malade, et si tu devais venir bientôt, tu ne le trouverais même peut-être pas. Mais tout cela est peu de chose en comparaison de nos affaires qu'il faut enfin finir et c'est terrible, quand on n'a que des bijoux qu'on ne peut pas vendre, et qu'on a beaucoup de dettes à payer. On dit que le cher roi de Naples a placé en Angleterre 100 millions ; c'est bien heureux pour lui et le voilà à l'abri de toutes les mauvaises fortunes.
Adieu, je t'embrasse. Réponds-moi si réellement tu comptes venir pour arranger toi-même nos intérêts.

Hortense

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