mars 1866
Lettre de la comtesse de *** à l'Empereur

Cette lettre fut remise à l'Empereur, par M. F.R. Pietri, à qui elle avait été envoyée par le général Fleury, qui, le 1er mars 1866, lui écrivait : "Mon cher Pietri, je viens vous prier de remettre à l'Empereur une lettre que vous avez dû recevoir hier de ma part, que m'a adressée Mme le comtesse de ... (née C.). Il serait nécessaire de faire réponse à cette grande dame, qui s'adresse à l'Empereur, je ne sais pourquoi." Par un sentiment que l'on comprendra, nous supprimons le nom de cette "grande dame", dont la supplique ne fut pas accueillie. En publiant sa lettre, nous n'avons d'autre but que de montrer avec quelle ardeur étaient convoitées les charges de cour.
(note de A. Poulet-Malassis)

Sire,

C'est encore moi, mais je viens tout en tremblant, car cette fois j'ai très-peur, et Votre Majesté va peut-être se lasser de sa bonté et me renvoyer très-durement. Je La supplie de ne pas être fâchée et de me pardonner si je suis vraiment ennuyeuse.
J'ai appris qu'il y avait plusieurs places de chambellan vacantes en ce moment, et comme c'était la position qu'occupait mon grand-père (le grand-père de son mari), le comte de ... , auprès de l'Empereur Napoléon 1er, j'avais toujours l'espoir d'obtenir un jour de Votre Majesté cette grande faveur pour mon mari, qui la désire et l'ambitionne si ardemment. Sire, je vous en prie, accordez-moi encore cette grâce. Mon mari n'est pas trop jeune : il a trente-trois ans, et il porterait si bien la livrée de vos serviteurs (mot souligné dans l'original) , Sire ! C'est si facile à vous, Sire, de rendre heureux ! Et vous savez si bien combien une charge de cette nature peut flatter toute une famille ! Sire, ne me refusez pas, tout de suite au moins. J'ai un si ardent désir de réussir ! Pardonnez-moi, je vous en conjure, et accordez à votre pauvre petite sujette une belle parole de consentement.
Je mets aux pieds de Votre Majesté mon hommage tendre et respectueux.

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